Le président Abdelfattah Al-Sissi reçu à Washington par Donald Trump

Depuis son arrivée au pouvoir à la suite d’un coup d’Etat militaire dirigé contre le président islamiste élu Mohammed Morsi, le président Abdelfattah Al-Sissi n’a jamais réussi à briser l’isolement diplomatique de son pays. Sa récente visite aux Etats-Unis durant laquelle il a été reçu par le président américain Donald Trump pourrait présager que l’Egypte est en train de briser son isolement diplomatique. Le principal facteur de ce rapprochement selon les observateurs est la priorité donnée à la lutte contre le terrorisme djihadiste par la nouvelle Administration américaine. En effet, durant leurs échanges, les deux présidents ont mentionné leur cause commune : la lutte contre le radicalisme islamique.

La question des droits de l’Homme qui empoisonnait les relations entre les deux ays durant le dernier mandat de l’ancien président Obama ne semble plus prioritaire. « Les droits de l’homme sont toujours un sujet de préoccupation pour les Etats-Unis », avaient assuré vendredi des conseillers de l’administration américaine, cités par le quotidien français Le Monde, ajoutant cependant que « notre approche consiste à traiter ces types de problèmes sensibles de manière privée et plus discrète ». « Nous croyons que c’est le moyen le plus efficace de faire avancer ces problèmes pour parvenir à un résultat favorable », avaient-ils ajouté. De fait, M. Trump ne les a pas mentionnés devant la presse. « Je veux que tout le monde sache que nous sommes clairement derrière le président Sissi », a déclaré le président américain qui n’a pas hésité à faire l’éloge du président égyptien et à louer « le travail fantastique » qu’il accomplit.

La prise en compte de la nécessité de la lutte contre ce radicalisme islamique avait déjà contraint l’administration Obama à reprendre sa coopération militaire avec l’Egypte, après un gel consécutif au coup d’Etat. Le président égyptien espère conserver l’aide américaine alors que le président Trump a la ferme intention de diminuer l’aide extérieure américaine à ses alliés. Les observateurs s’interrogent sur la marge de manœuvre d’une Egypte qui est sortie affaiblie par sa crise intérieure et abandonnée par son soutien traditionnel dans la région, l’Arabie saoudite. L’affaiblissement interne ne permet pas à l’Egypte de jouer le rôle de gendarme régional qui qui lui était réservé et on la voit mal pouvoir contenir les prétentions régionales de l’Iran. Même sur le front de la lutte commune contre le radicalisme islamique, les observateurs notent une prise de distance de l’Administration US à l’égard des positions défendues par Riad et Le Caire sur la question de la criminalisation de l’organisation des Frères Musulmans. Selon un expert américain cité par Le Monde « l’administration Trump semble faire machine arrière sur la tentation qui lui était prêtée d’inscrire les Frères musulmans sur la liste noire des organisations terroristes. »