Le ministre pakistanais a-t-il vraiment menacé l’Algérie ?

L’information est à prendre avec une grande précaution. Selon le site AWD News, le ministre pakistanais de la défense nationale aurait menacé l’Iran et l’Algérie de frappes nucléaires au cas où ces deux pays menaceraient l’intégrité territoriale du royaume d’Arabie saoudite. La phrase attribuée au ministre pakistanais de la défense est la suivante : « si des pays malveillants tels que l’Algérie ou l’Iran ne visent pas à participer à notre guerre sainte contre les rebelles ou visent à appuyer les rebelles yéménite, on va les rayer de la carte en utilisant nos armes nucléaires ». La déclaration est tellement grave et grossière que des observateurs interrogés ont préféré penser qu’il s’agit d’un compte-rendu tronqué de ce que le ministre pakistanais aurait pu déclarer. Certes, le Pakistan et l’Algérie ne sont pas sur la même longueur diplomatique en ce qui concerne le conflit yéménite et d’autres dossiers régionaux (Syrie, Irak). Le Pakistan appuie l’Arabie saoudite au Yémen et en Syrie. L’Algérie est connue pour sa position diplomatique en faveur de la résolution pacifique des conflits et de non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats. Au Yémen, l’Algérie appelle à une solution politique basée sur le dialogue entre les protagonistes yéménites. En Syrie, idem. En ce qui concerne la menace que constitue Daesh dans la région, tout en condamnant le terrorisme, l’Algérie refuse d’engager son armée en dehors de ses frontières.

Pour rappel, le Pakistan a annoncé jeudi soir l’envoi dès vendredi d’une délégation de haut rang en Arabie Saoudite pour évaluer une éventuelle participation à l’intervention militaire au Yémen dirigée Riyad, tout en promettant une « réponse forte » à toute agression contre son allié stratégique. L’Arabie saoudite a lancé jeudi ses avions de combat pour bombarder des positions des rebelles chiites Houthis dans une opération militaire « impliquant plus de 10 pays », selon elle. L’agence officielle saoudienne Spa a précisé que le Pakistan faisait partie de ces pays ayant « exprimé leur souhait de participer à l’opération au Yémen ». La porte-parole du ministère pakistanais des Affaires étrangères, Tasnim Aslam, a indiqué que le Pakistan avait été approché par l’Arabie saoudite pour participer à cette opération visant à soutenir le président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi menacé par les rebelles chiites Houthis. Le Premier ministre Nawaz Sharif s’est réuni avec son conseiller à la sécurité, Sartaj Aziz, son ministre de la Défense, Khawaja Asif, le chef d’état-major de l’armée Raheel Sharif et le nouveau chef de l’armée de l’air Sohail Aman pour discuter de la situation au Yémen « La rencontre a conclu que toute menace à l’intégrité territoriale de l’Arabie saoudite suscitera une réponse forte du Pakistan », a indiqué le bureau du Premier ministre dans un communiqué, sans confirmer ou infirmer une participation pakistanaise à cette opération.

Pour revenir à la soi-disant menace qu’aurait proférée le ministre pakistanais de la défense à l’encontre de l’Algérie, il se peut qu’il s’agisse d’une manipulation médiatique émanant d’une partie qui a intérêt à mouiller l’Algérie dans des conflits qu’elle rejette par principe. Des sites pseudo-patriotiques complètement irresponsables relaient régulièrement des informations fausses accréditant l’idée que l’Algérie serait partie prenante dans ces conflits aux Côtés de l’Iran et de la Russie dans le but de semer la zizanie entre l’Algérie et d’autres pays arabes et musulmans dans le but de pousser le royaume d’Arabie saoudite, les EAU et la Turquie à soutenir les forces hostiles à l’Algérie dans la région.