Les Etats-Unis ont lancé des frappes contre une base aérienne syrienne

Les Etats-Unis ont frappé une base aérienne syrienne, jeudi 6 avril. Les missiles ont été tirés depuis des destroyers (contre-torpilleurs) de la marine américaine dans l’est de la Méditerranée. La frappe a été menée avec « 59 missiles », a précisé un responsable de la Maison Blanche, expliquant que les Etats-Unis avaient visé la base aérienne d’Al-Shayrat, qui est « associée au programme » syrien d’armes chimiques. Elle serait « directement liée » aux événements « horribles » de Khan Cheikhoun. L’attaque chimique présumée de cette ville rebelle, attribuée au régime de Bachar Al-Assad, a fait des dizaines de morts, mardi 4 avril Les Etats-Unis ont accusé jeudi le régime syrien d’avoir utilisé un agent neurotoxique de type sarin. « J’ai ordonné une frappe militaire sur une base aérienne de Syrie d’où a été menée l’attaque chimique », a déclaré jeudi, dans la soirée, le président, Donald Trump qui a dénoncé le président syrien, qui « a arraché la vie à des hommes, femmes et enfants sans défense ». Sur un ton solennel, il a ajouté : « J’appelle toutes les nations civilisées à chercher à mettre fin au massacre et au carnage en Syrie. » Les frappes sont lancées « dans l’intérêt vital de la sécurité nationale », a-t-il continué

En arrivant en Floride, jeudi, pour  accueillir son homologue chinois, Xi Jinping, le président des Etats-Unis avait encore évoqué une « honte pour l’humanité » et réclamé que « quelque chose se passe ». Son chef de la diplomatie, Rex Tillerson, a accusé « le régime syrien sous la gouverne du président Bachar Al-Assad d’être responsable de cette attaque ». De son côté, le régime a nié toute responsabilité dans l’attaque de Khan Cheikhoun. Il y a tout juste une semaine, à l’instar de l’ambassadrice américaine à l’Organisation des Nations unies (ONU), Nikki Haley, M. Trump avait semblé s’accommoder du maintien au pouvoir du chef de l’Etat syrien. Jeudi, à l’ONU, la Russie, alliée de la Syrie, avait mis en garde les Etats-Unis contre des frappes. Mais, selon le chef de la diplomatie américaine, Moscou a « manqué à ses responsabilités en Syrie ». Les Etats-Unis ont toutefois averti la Russie afin d’éviter que les militaires russes présents sur place ne soient touchés.

L’armée syrienne a annoncé vendredi, dans un communiqué lu par un porte-parole à la télévision d’Etat, que les frappes américaines avaient fait six morts et d’importants dégâts matériels, sans préciser s’il s’agissait de victimes civiles ou militaires. De son côté, l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) dit avoir eu la confirmation de la mort de quatre soldats syriens, « dont un général de brigade de l’armée de l’air » par les frappes américaines, qui ont également « détruit presque totalement » la base aérienne. « L’aéroport a été presque totalement détruit : le tarmac, le dépôt de fuel et le bâtiment de la défense aérienne ont été pulvérisés », a révélé Rami Abdel Rahmane, directeur de l’OSDH. D’après la chaîne de télévision libanaise Al-Mayadeen, l’armée syrienne avait procédé à l’évacuation de la plupart de ses avions de chasse présents sur la base aérienne visée par des missiles américains avant que ceux-ci atteignent leur cible. Cela pourrait s’expliquer par le fait que les Etats-Unis avaient averti les Russes pour qu’ils puisent évacuer leur personnel avant les frappes. L’opposition syrienne a salué la frappe américaine et appelé à la poursuite des bombardements jusqu’à « neutraliser la capacité » du régime à lancer des raids contre ses adversaires (AFP)