La Syrie en passe de retrouver sa place au sein de la Ligue des Etats arabes

Oman's Sultan Haitham bin Tariq meets with Syrian President Bashar al-Assad during his first trip abroad since the devastating earthquake in Syria, in Muscat, Oman, February 20, 2023. Oman News Agency/Handout via REUTERS

09.03.2023. Le séisme ravageur qui a frappé la Turquie et la Syrie n’a pas seulement causé des dizaines de milliers de victimes et des dizaines de milliards de dollars de dégâts. Il a également eu des conséquences géopolitiques inattendues en accélérant ainsi le rapprochement entre plusieurs pays de la région.

Le séisme qui a frappé la Turquie et la Syrie est en train d’accélérer la mise en place d’une nouvelle donne géostratégique au Moyen Orient. Il y a encore quelques semaines, la Syrie était classée parmi les pays infréquentables dans la région. On se souvient que l’Algérie n’a pas réussi à imposer la présence de la Syrie au dernier sommet de la Ligue arabe organisé à Alger. Aujourd’hui, les choses semblent bouger. Profitant de l’élan de solidarité provoqué par les conséquences du séisme, les pays qui n’avaient pas le courage de reprendre une relation normale avec la Syrie ont commencé à le faire via l’envoi d’aides humanitaires. C’est ainsi que l’Arabie saoudite qui était jusqu’ici le pays le plus réservé quant à la normalisation avec Damas a envoyé plusieurs avions chargés d’aides humanitaires de toutes sortes.

Mais la reprise des relations avec la Syrie semble désormais dépasser le seuil humanitaire puisque le ministre saoudien des affaires étrangères a déclaré depuis Berlin qu’il est temps de reprendre le dialogue avec la Syrie. Depuis, il a été plus loin en déclarant que bientôt la Syrie allait retrouver sa place au sein de la Ligue des Etats arabe, rejoignant ainsi la position défendue par la diplomatie algérienne depuis plusieurs années, une position que partagent par ailleurs l’Egypte et les Emirats arabes unis. Après le changement de position de Riad plus rien ne s’oppose désormais au retour de la Syrie au sein de la Ligue arabe. Ce n’est plus qu’une question de temps.

Cette évolution s’inscrit dans un contexte plus large puisque la Turquie, l’autre pays voisin en rupture avec la Syrie, cherche depuis plusieurs mois à renouer avec Damas grâce à une médiation russe très active sur ce front diplomatique. Le ministre turc des affaires étrangères vient d’annoncer un prochain sommet à Moscou auquel participeraient quatre pays (Russie, Turquie, Syrie, Iran). Ainsi, petit à petit, la Syrie va retrouver son statut diplomatique, ce qui lui facilitera la tâche de reconquête de son territoire contre les groupes terroristes qui continuent de contrôler plusieurs zones dans le nord-est du pays. Il lui restera à négocier le retrait des troupes américaines qui ont toujours une base sur le territoire syrien et l’édification d’une défense aérienne dissuasive contre les raids réguliers de l’aviation israélienne qui vient de frapper une nouvelle fois l’aéroport international d’Alep. A ce sujet, la Syrie serait en train de négocier la livraison de systèmes de défense aérienne de fabrication iranienne (Algérie solidaire)