Malgré le déploiement de 45 000 policiers et gendarmes, la France plonge dans un « climat insurrectionnel »

01.07.2023. Des responsables de la police française relayés par les médias français n’hésitent plus à qualifier de « climat insurrectionnel » ce qui se passe en France, depuis quelques jours, suite à l’assassinat de Nahel, un jeune d’origine algérienne, par un policier dans le cadre d’un contrôle de routine.

« Blindés, pillages, fusils et tronçonneuse : une troisième nuit d’émeutes plonge la France dans un «climat insurrectionnel » titre le Figaro le principal quotidien de droite français. « La mobilisation d’unités d’élite de la police n’a pas pu endiguer un déchaînement de violences de la part de très jeunes émeutiers dans toute la France. » écrit Le Figaro qui relaie ainsi le diagnostic d’un responsable de l police française : «On est dans un climat insurrectionnel», souffle un policier haut placé, sonné par les gravissimes événements de la nuit. » avant d’jouter : « Nombre de ces émeutiers ont imposé leur loi aux abords de leurs quartiers« . Sans employer le terme « insurrection », le quotidien français de gauche, Le Monde,consacre un article aux techniques utilisées par les jeunes révoltés sous le titre évocateur « Mort de Nahel M. : comment les mortiers d’artifice, dirigés vers les forces de l’ordre, sont devenus l’arme de base des émeutes »

Au lendemain de la quatrième nuit d’émeutes, le ministère français de l’Intérieur a cherché à rassurer les Français en affirmant que les violences d’une «intensité bien moindre» que les précédentes, mais ls chiffres sont là pour le démentir. le nombre de blessés et bâtiments incendiés reste très élevé. Il y a eu «79 policiers et gendarmes blessés», assure le ministère, dans un bilan encore provisoire, qui recense un total de 1 350 véhicules ont été incendiés, Le ministère ajoute 31 attaques de commissariats, 16 attaques de postes de police municipale et 11 de casernes de gendarmerie. Des chiffres qui font relativiser l’analyse de Gérald Darmanin : il y a eu un nombre moins important de voitures brûlées lors de 20 des 21 nuits des révoltes de 2005 que pour la seule de vendredi à ce samedi, et 233 bâtiments publics (300 en comptant le privé) avaient été brûlés sur la totalité des trois semaines il y a dix-huit ans. Contre 234 lors des dernières 24 heures. A la révolte des jeunes des quartiers populaires qui crient à la justice, le gouvernement français répond par la répression. Selon un nouveau bilan du ministère de l’Intérieur, 994 personnes ont été interpellées dans la nuit de vendredi à samedi. Vendredi 30 juin, une vingtaine d’individus étaient jugés en comparution immédiate au tribunal judiciaire de Nanterre, pour leur participation, plus ou moins active, aux violences qui ont émaillé l’Ile-de-France, Plusieurs condamnations à la prison ferme ont été prononcées contre des jeunes.

Afin de tenter d’enrayer la spirale des émeutes, Gérald Darmanin avait annoncé la mobilisation «exceptionnelle» de 45 000 policiers et gendarmes et unités d’élite comme le GIGN pour tenter d’éviter une quatrième nuit consécutive d’émeutes. Mais visiblement, ce déploiement massif de policiers et gendarmes n’a pas réussi à empêché une nouvelle nuit d’émeutes. Dans le centre de Paris, la soirée de vendredi a été rythmée par des face-à-face entre groupes de jeunes et policiers. Dans la soirée, Marseille a été à nouveau le théâtre de heurts et de scènes de pillages, du centre-ville puis plus au nord dans les quartiers populaires. Ce samedi matin, la préfecture annonce 95 interpellations et 4 policiers blessés, la presse décrit « des groupes de jeunes, souvent masqués et «très mobiles» » en action contre tout ce qui symbolise la société de consommation qui les exclut. A Lyon, Grenoble ou encore Saint-Etienne, des jeunes à trottinettes ont tiré des mortiers. La presse française décrit « des affrontements ayant opposé jusque tard dans la nuit des bandes de jeunes souvent encagoulés, se déplaçant en courant ou à trottinette et tirant des dizaines de mortiers vers les policiers qui répliquaient par des grenades lacrymogènes ». Des dizaines de personnes ont été interpellées au cours de cette quatrième nuit de révolte. La répétition de ces scènes de révolte qui donnent l’impression que la France est entrée dans un « climat insurrectionnel » dénote de l’impuissance du gouvernement français à trouver une réponse sérieuse au malaise des jeunes des quartiers populaires. Une impuissance qui alimente à la fois la colère des jeunes et les appels belliqueux de la droite extrême qui n’hésite pas à qualifier ce qui se passe en France de « guerre civile ». (Algérie solidaire)