La maladie de Bouteflika a affaibli la diplomatie algérienne

Les derniers développements qui ont marqué la scène régionale ont fait réagir d’anciens diplomates algériens. Dans un entretien au quotidien arabophone El Khabar, l’ancien secrétaire d’Etat aux affaires de la Communauté algérienne à l’étranger, Halim Benattallah qui fut ambassadeur dans plusieurs capitales européennes importantes (Vienne, Rome, Bruxelles)  a commenté le tweet controversé de Manuel Valls ainsi que le soutien affiché par les pétromonarchies du Golfe au Maroc lors du dernier sommet entre le CCG et le royaume marocain.

M. Benattallah est revenu également sur l’isolement de l’Algérie dans la région Sahélo-saharienne puisque quatre Etats de la sous-région (Mali, Niger, Tchad, Burkina-Faso) ont constitué une coalition militaire (sans l’Algérie) pour faire face officiellement à la menace terroriste. Sur ce dernier point, M. Benattallah a commis une erreur quand il a affirmé que les Etats sahélo-sahariens ne voulaient pas de l’Algérie dans le cadre de cette coalition puisque c’est l’Algérie qui ne pouvait pas ou ne voulait pas en faire partie dans la mesure où sa Constitution lui interdit le déploiement de ses troupes en dehors de ses frontières. Mais sur le fond, le jugement de M. Benattallah reste valable puisque la coalition des Etats sahélo-sahariens est une coalition à la botte de la France conçue essentiellement pour protéger les intérêts néocoloniaux de cette puissance dans la sous-région et que cette situation devrait alerter sérieusement la diplomatie algérienne.

M. Benattallah estime que ces développements constituent des revers pour la diplomatie algérienne qui était dans le passé plus réactive quand il s’agissait de défendre les intérêts nationaux stratégiques. Pour expliquer cette situation, M. Benattallah estime que la maladie du président Bouteflika a affaibli considérablement la capacité de réaction de la diplomatie algérienne. En effet, dans le cadre du système politique algérien, c’est le président de la république qui est chargé de l’élaboration et de la direction de la politique étrangère que le ministère des affaires étrangères se charge d’appliquer et de représenter. Un président de la république diminué par la maladie ne saurait assumer correctement une mission aussi délicate. Pire, l’affaiblissement physique et mental du président de la république ne permet plus une réaction rapide aux évènements et laisse aux différents clans à la tête de l’Etat la liberté de s’adonner à leurs jeux contradictoires, ce qui ne peut en fin de compte que desservir la diplomatie algérienne.