L’Algérie se repositionne sur l’axe Damas-Moscou

La visite de Abdelkader Messahel à Damas suivie de la visite de Abdelmalek Sellal à Moscou font dire à certains observateurs que la diplomatie algérienne est en train de se repositionner sur l’axe Damas-Moscou. Certains observateurs parlent de « tournant diplomatique » en rappelant que la visite de M. Messahel à Damas est la première d’un ministre arabe deouyis le début de la crise syrienne. D’autres observateurs se refusent à parler de revirement diplomatique en arguant que l’Algérie a toujours rejeté les ingérences étrangères en Syrie et n’a jamais rompu ses relations avec le régime de Bachar Al Assad. Il s’agirait plutôt pour ces derniers d’un repositionnement plus clair et plus franc en faveur de l’axe Damas-Téhéran-Moscou.

Les observateurs expliquent le repositionnement diplomatique de l’Algérie par une réaction de défense contre les campagnes hostiles lancées depuis Paris et Riad. En effet, il est difficile de ne pas établir un lien entre cet activisme diplomatique et les derniers développements diplomatiques qui ont affecté les relations de l’Algérie avec la France d’un côté et avec l’Arabie saoudite d’un autre côté. Le tweet de Manuel Valls rendant publique une photo du président Bouteflika et le soutien affiché par le sommet des pays du Golfe au Maroc ont irrité Alger.

Les observateurs se demandent jusqu’où ira l’Algérie dans son actuel repositionnement diplomatique. Après Damas, M. Messahel s’est rendu à Beyrouth et a été reçu par le premier ministre et le ministre des affaires étrangères libanais. Avec l’Irak, le Liban a émis des réserves à l’égard de la décision de la Ligue arabe de ranger le Hezbollah dans la liste des organisations terroristes. Le Liban continue d’entretenir de bonnes relations avec Téhéran et Damas. Jusqu’ici l’Algérie s’est contentée d’une position plutôt neutre qui condamne les ingérences étrangères dans les pays arabes en crise, appelle au dialogue politique entre les protagonistes et refuse l’intervention de son armée en dehors de ses frontières. Visiblement cette neutralité n’a pas suffi à lui épargner l’hostilité des pétromonarchies du Golfe et de la France. L’Algérie pourra-t-elle aller plus loin pour défendre ses intérêts nationaux ?