Bachir Tartag et Abdelhamid Bendaoud limogés

Le limogeage de Bachir Tartag que nous avions annoncé  il y a quelques jours est devenu désormais officiel. Après la démission du président Bouteflika et la mise en résidence surveillée de l’ex-homme fort du clan présidentiel, Saïd Bouteflika, il était normal que le coordinateur des services de sécurité à la présidence, Bachir Tartag, soit limogé. La mésentente entre ce dernier et l’état-major de l’ANP était un secret de polichinelle. Saïd Bouteflika avait nommé Tartag en 2015, comme coordinateur des services de sécurité à la présidence, dans le but de bénéficicier de ses réseaux au sein de l’appareil du DRS dissous dans la lutte qui allait s’ouvrir contre l’état-major de l’ANP qui était devenu entre-temps l’obstacle majeur à la succession familiale du président Bouteflika, un projet qui était soutenu par la mafia politico-financière et la France.

Le limogeage de Tartag, qui a été accompagné de la dissolution de la Direction des services de  sécurité près de la présidence, signifie désormais la fin du bicéphalisme au sommet du pouvoir. L’état-major de l’ANP détient désormais la réalité du pouvoir en attendant l’élection d’institutions vraiment représentatives de la volonté populaire. En effet, selon les observateurs, les institutions existantes (Conseil constitutionnel, APN, Conseil de la nation) continueront à jouer formellement un certain rôle mais le rejet populaire dont elles font l’objet risque de pousser l’état-major de l’ANP à  s’en passer dans les prochaines semaines s’il veut rester en symbiose avec les demandes populaires.

Aux dernières nouvelles, et comme nous l’avions prévu il y a quelques jours, le limogeage de Bachir Tartag a été suivi de la révocation du général-major Abdelhamid Bendaoud qui a été nommé à la tête de la Direction de la sécurité extérieure (DSE) par Saïd Bouteflika, il y a à peine trois semaines, dans le but de faciliter les contacts avec Paris dans une conjoncture délicate. Désormais, tous les services de sécurité (intérieure, extérieure, militaire, informatique) sont sous la coupe de l’état-major de l’ANP.  La dissolution de la DSS,  principal interlocuteur de la France depuis le début de la crise, constitue un cuisant échec pour la France qui sera obligée désormais de traiter avec l’état-major de l’ANP sur la base du respect de la souveraineté nationale et des intérêts de l’Algérie.

Mustapha Senhadji