Mehenni s’est recueilli à la mémoire d’Aït-Ahmed

Ferhat Mehenni, leader du MAK, s’est déplacé à Lausanne ce mardi pour se recueillir à la mémoire du défunt leader historique de la Révolution algérienne, Hocine Ait-Ahmed. La présence de Ferhat Mehenni à cette cérémonie funéraire a créé une polémique dans les milieux berbéristes. Selon le député du FFS Chafaa Bouaiche, le dirigeant du MAK a été empêché par le fils de Hocine Aït-Ahmed de prendre la parole. Sur sa page Facebbok, le député du FFS écrit notamment : « Le fils de Hocine Aït Ahmed, Jugurtha, a empêché Ferhat Mehenni ce matin, de prendre la parole à l’occasion du recueillement à la mémoire de notre héros ». L’ « information » rapportée par ce député a été reprise par plusieurs quotidiens algériens mais elle a été démentie par les amis de Ferhat Mehenni.

En effet, Siwel, un site proche du MAK a donné  une tout autre version : « Chafaâ Bouaiche, député FFS au sein de l’assemblée arabo-islamiste algérienne, a fièrement annoncé que le fils du défunt Hocine Ait-Ahmed, Jugurtha, aurait interdit à Ferhat Mehenni de prendre la parole. A entendre ce député arabo-islamiste, Jugurtha Ait-Ahmed aurait « empêché » Ferhat Mehenni et uniquement lui de prendre la parole alors que la consigne était générale et ne concernait pas seulement Ferhat Mehenni.  Cependant, il convient de préciser que Ferhat Mehenni ne comptait nullement prendre la parole en pareilles circonstances. En effet, répondant à l’insistance de certaine personnes présentes à cette cérémonie d’hommage qui lui demandaient de dire quelques mot à propos de Hocine Ait-Ahmed, avec qui il avait partagé quelques-unes des années de plomb de la dictature algérienne, Ferhat Mehenni s’est levé pour décliner la proposition et dire « ce n’était ni le lieu ni le moment pour faire un témoignage » mais Jugurtha Ait-Ahmed ne lui en a pas laissé le temps, celui-ci craignant sans doute, et à juste titre, une série d’interventions, s’est alors levé en disant à Ferhat Mehenni « pas de politique aujourd’hui ». Il est à signaler qu’Ahmed Taleb et l’ambassadeur d’Algérie étaient également sur place et aucun n’avait pris la parole. Ferhat Mehenni, en Kabyle digne, a respecté la volonté de la famille qu’il a saluée pour avoir décidé d’enterrer Ait Ahmed dans son village au cœur de la Kabylie » Pourtant une vidéo montre le moment où le fils de Hocine Aït-Ahmed est intervenu pour empêcher une personne (on ne voit pas s’il s’agit de Ferhat Mehenni ou dune autre personne) de prendre la parole.

Le député du FFS a-t-il été mal informé ou a-t-il tout simplement pris ses désirs pour la réalité ? Pour certains militants berbéristes, le député Chafaa Bouaiche ferait partie d’un « clan » coupable de compromission avec les forces « arabo-islamistes » (entendre par là tous ceux qui défendent l’arabité et l’islamité de l’Algérie aux côtés de l’amazighité) Pour rappel, le FFS a toujours inscrit son combat pour Tamazight dans le cadre plus large du combat pour la démocratie et dans le respect de l’unité nationale. C’est ce qui explique selon les observateurs que ce parti a toujours gardé des contacts avec le pouvoir dans le but de faciliter le dialogue et le consensus national pour un changement démocratique pacifique comme il a tenté aussi de jouer la carte Hamrouche. De son côté, le pouvoir a cherché ces dernières années à impliquer le FFS dans sa démarche en vue de réformer le système politique algérien avec des résultats plutôt mitigés. L’inconséquence du FFS qui n’est jamais arrivé à inscrire véritablement la revendication linguistique et culturelle berbère dans un projet de renouveau national l’a conduit à tenir un double discours, tantôt nationaliste, tantôt régionaliste, en fonction de l’auditoire et suivant les circonstances. Ce double discours a été incapable de s’opposer efficacement à la percée du MAK dans son fief de Kabylie.

Vidéo montrant le moment où Jugurtha Aït-Ahmed intervient pour empêcher une personne dans la salle de prendre la parole.