L’appel à la désobéissance civile n’a pas été suivi

L’appel à la « désobéissance civile » lancé sur les réseaux sociaux par des sources anonymes n’a pas eu l’effet escompté. Même si dans certaines wilayas comme à Béjaïa, il semble avoir été suivi, dans la capitale, mis à part les manifestations de lycéens et la grève des transports, on ne peut pas parler de franc succès. Dans plusieurs quartiers de la capitale, les commerces ont ouvert comme d’habitude. A l’intérieur du pays, dans la capitale de l’est (Constantine) comme dans la capitale de l’ouest (Oran), les citoyens n’ont pas suivi l’appel et ont continué à vaquer à leurs occupations habituelles. En revanche, à Annaba, les observateurs ont constaté une réponse partielle. Les grèves constatées dans plusieurs secteurs e solidarité avec le mouvement populaire( El Hadjar, Rouïba, Hassi Messaoud) ont été diversement suivies.

Mais en tout état de cause et partageant des résultats mitigés de cette première journée, les observateurs estiment qu’un mouvement de « désobéissance civile » dans la durée n’a aucune chance en Algérie. D’une part, les citoyens ne voient pas l’intérêt de recourir à des actions qui pourraient avoir des conséquences négatives sur leur quotidien déjà difficile alors qu’ils peuvent exprimer librement leur volonté de changement par des manifestations pacifiques. D’autre part, un mouvement de « désobéissance civile » risque de donner un prétexte à certains clans au pouvoir de recourir à l’article 107 de la Constitution en vue de décréter l’état d’exception et de mettre ainsi entre parenthèses le changement auquel aspire le peuple.

Pour rappel, même des personnalités connues pour leur opposition au régime de Bouteflika et pour leur appartenance à la mouvance berbériste liée à l’appareil de l’ex-DRS dissous, comme l’avocat et ex-député du FFS, Mustapha Bouchachi, le président de la Ligue de défense des droits de l’Homme (LADDH, proche du FFS) Nourredine Benissad, et le chroniqueur sportif Hafid Derradji ont exprimé leur opposition au mouvement de « désobéissance civile ». Mustapha Bouchachi a expliqué notamment qu’un tel mouvement était « prématuré » et qu’il risquait d’être exploité par les adversaires du changement au sein du pouvoir qui pourraient ainsi être tentés de décréter l’état d’exception. De son côté, l’Association des Oulémas algériens a tenu à se démarquer de cet appel à la « désobéissance civile » et a invité les Algériens à continuer leurs manifestations pacifiques pour le changement.

Mustapha Senhadji