L’arrestation du général Benhadid crée la polémique

Le quotidien arabophone Echorouk vient d’annoncer que c’est lundi, dans la matinée, que le général à la retraite se présentera devant le juge d’instruction au tribunal de Sidi M’hamed pour répondre des faits qui lui sont reprochés. Pour rappel, le général Benhadid. a été déféré par les gendarmes devant le tribunal de Sidi M’hamed près la cour d’Alger et non devant le tribunal militaire de Blida. En effet, son avocat, Me Bachir Mecheri a déclaré: «Le général à la retraite est accusé notamment de tentative d’affaiblir le moral de l’armée suite à une plainte déposée par le ministère de la Défense après l’interview qu’il a accordée à Radio M, et de détention de munitions sans autorisation.» Me Mechri a évoqué l’opacité de l’affaire ainsi que les conditions qui entourent cette arrestation. S’il se confirme que le général Benhadid est poursuivi par le ministère de la défense nationale pour ses déclarations publiques sur Radio M, déclarations qui pouvaient être assimilées à un appel à la rébellion des Forces armées contre le commandement de l’ANP, il va de soi qu’il s’agit d’une accusation grave passible d’une lourde peine de prison.

L’arrestation du général Benhadid n’a pas laissé indifférents les milieux qui semblent affectés par les changements opérés récemment au sein des structures militaires et sécuritaires et par le départ du général Toufik. Ce dernier évènement semble être le moteur de la dernière sortie médiatique du général Benhadid qui n’a pas visiblement digéré le départ de celui qu’il considérait il y a à peine un an comme un homme « indéboulonnable ». Faisant feu de tout bois, le général Benhadid qui a réussi à mobiliser la sympathie des milieux dits « éradicateurs » en s’attaquant ouvertement au président Bouteflika et au chef d’état-major Ahmed Gaïd-Salah, a étonné ses anciens partisans en déclarant qu’il n’était pas d’accord avec l’arrêt du processus électoral en janvier 1992 et en évoquant le rôle de l’armée et des forces de l’ordre dans la tragédie nationale des années 90, ce qui lui a valu cette fois-ci la sympathie publique des islamistes et de l’activiste Larbi Zitout sur la chaîne islamiste Al-Magharibia…

C’est sur cette même chaîne pro-FIS que celui qui passe sur les réseaux sociaux comme le banquier des médias et des partis dits « éradicateurs » durant la décennie noire, Isaad Rebrab s’est permis de laisser entendre que le général Benhadid a été arrêté par ce qu’il aurait mis en cause les mœurs du général de corps d’armée Ahmed Gaïd-Salah. Nul doute que Rebrab savait bien qu’en faisant une telle déclaration, il n’allait pas contribuer à apaiser, bien au contraire, les esprits dans cette affaire.

Comme il fallait s’y attendre, l’arrestation du général Benhadid, qui ne peut qu’inquiéter ceux qui croient encore à leur ancienne immunité, a commencé à faire réagir quelques quelques personnalités dans les milieux des  « anciens moudjahidines » et des « retraités de l’ANP » dans l’est du pays qui s’apprêtent à écrire au président de la république et au chef d’état-major de l’ANP pour intercéder en faveur du général Benhadid en mettant en avant l’argument que l’accusé est le fils d’un grand moudjahid, comme si cette qualité pouvait dispenser un ancien général de son devoir de réserve surtout quand il s’agit de l’unité et de la cohésion de l’armée. Les observateurs se demandent où étaient ces anciens moudjahidines quand un ministre français se permettait d’humilier sur le sol algérien leur ancien compagnon, le ministre des Moudjahidines et où ils étaient quand il fallait conseiller leur ami, le général Benhadid, en vue de modérer ses propos diffamatoires à l’encontre du chef d’état-major de l’ANP qui est aussi, faut-il le rappeler, un ancien moudjahid…

En effet, si ces « retraités de l’ANP » et ces « anciens moudjahidines » avaient joué le rôle civique qui est le leur en appelant leur compagnon, le général Benhadid à la retenue dans ses déclarations publiques tout en continuant à exercer son droit citoyen à la critique constructive, on n’en serait pas là. Un général dont on dit le plus grand bien sur le plan des compétences militaires a été mis prématurément à la retraite en raison de son indiscipline, qui se tait durant plus de dix ans au lieu de contribuer  à diffuser son savoir militaire par des articles, ouvrages, conférences comme le font les anciens généraux dans les pays civilisés, se met à parler de dossiers politiques qu’il ne maîtrise pas et d’une manière grossière qui ne sied pas à un ancien général, donnant ainsi un piètre exemple aux jeunes officiers de l’ANP. Malgré la gravité des propos tenus par ce général à la retraite, les observateurs interrogés ont exprimé leur souhait que la Justice algérienne fasse preuve de clémence pour éviter la division du camp patriotique dans cette conjoncture difficile par laquelle passe l’Algérie.