Le général Mohamed Mediene mis à la retraite

Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a mis fin aux fonctions de chef du Département du Renseignement et de la Sécurité, exercées par le général de corps d’armée, Mohamed Mediene, admis à la retraite, indique dimanche un communiqué de la Présidence de la République. « Conformément aux dispositions des articles 77 (alinéas 1 et 8) et 78 (alinéa 2) de la Constitution, Monsieur Abdelaziz Bouteflika, président de la République, ministre de la Défense nationale, a mis fin ce jour aux fonctions de chef du Département du Renseignement et de la Sécurité, exercées par le général de corps d’armée, Mohamed Mediene, admis à la retraite », lit-on dans le communiqué de la présidence de la république.

Le départ de celui qui était présenté par les médias comme l’homme fort du régime algérien n’a pas manqué de provoquer un séisme politique au sein de la classe politique et de l’opinion publique. Pour certains observateurs, il s’agit d’un limogeage à mettre à l’actif du clan présidentiel qui n’a pas cessé de donner des coups au clan représenté par l’ex-patron du DRS. Pour d’autres, il s’agirait plutôt d’un départ négocié sous forme d’une « retraite paisible » avec la garantie qu’il ne sera pas poursuivi pour les fautes commises durant son long règne à la tête des services de sécurité. A cet égard, le remplacement du général Toufik par son ancien adjoint, le général-major à la retraite Athmane Tartag pourrait être interprété comme une sorte de garantie.

Si le départ à la retraite du patron du DRS apparaît comme un limogeage qui ne dit pas son nom, les observateurs restent divisés sur l’interprétation politique à donner à ce limogeage. S’agit-il vraiment d’une victoire du président Bouteflika qui vient ainsi conforter la thèse de ceux qui parlent d’une évolution vers un régime civil où le président de la république est censé assumer toutes ses prérogatives constitutionnelles ? D’autres observateurs ne croient pas à cette version en affirmant que le limogeage d’un homme aussi puissant que le général Toufik et la restructuration du DRS qui l’a précédé ne pouvaient être le fait d’un président aussi diminué par la maladie et préfèrent y voir la main du commandement militaire qui aurait fini par convaincre le président de la république de la nécessité de cette restructuration. Cette dernière thèse est confortée par le fait que plusieurs directions et corps du DRS ont été progressivement rattachés à l’état-major de l’ANP.

Reste la question que se posent certains observateurs: Le limogeage du général de corps d’armée Mohamed Mediene et la restructuration du DRS sont-elles, au moins en partie, le résultat de pressions étrangères et notamment de la France ? Si les services de sécurité algériens et leur patron ont été par le passé l’objet de critiques et d’opérations de désinformation et de déstabilisation, aucune information sérieuse n’est venue confirmer une quelconque interférence étrangère dans l’opération de restructuration de ce département. Au contraire, l’arrestation du général Abdelkader Aït Ouarab dit Hassen, qui dirigeait jusqu’en 2014 le service de coordination antiterroriste du DRS, a, semble-t-il, été très mal accueillie par les réseaux d’affaires français qui comptaient visiblement sur lui pour faire avancer leurs projets en Algérie.