Bouteflika nomme Athmane Tartatg à la tête du DRS

Le président de la République a nommé M. Athmane Tartag, chef du Département du Renseignement et de la Sécurité. M. Athmane Tartag, général-major à la retraite, était jusqu’à ce jour conseiller auprès du président de la République. Auparavant, il avait assumé plusieurs hautes responsabilités au sein des services de renseignement et de sécurité, conclut le communiqué de la présidence de la république.

Le général de corps d’Armée, Ahmed Gaïd Salah, vice-ministre de la Défense nationale, chef d’état-major de l’Armée nationale populaire (ANP) a procédé dimanche à l’installation de M. Athmane Tartag dans ses fonctions de chef du Département du Renseignement et de la Sécurité (DRS), indique un communiqué du ministère de la Défense nationale. « Sur instructions de Monsieur le Président de la République, Chef suprême des Forces armées, ministre de la Défense nationale, le général de Corps d’Armée Ahmed Gaïd Salah, vice-ministre de la Défense nationale, chef d’état-major de l’Armée nationale populaire a procédé, ce jour le dimanche 13 septembre 2015, au niveau du siège du ministère de la Défense nationale, en présence des cadres du ministère de la Défense nationale, à l’installation de Monsieur Tartag Athmane dans les fonctions de chef du Département du Renseignement et de la Sécurité, en remplacement du général de corps d’armée, Mediene Mohamed, mis à la retraite », précise le communiqué du MDN.

La nomination d’un général-major mis à la retraite en 2014 à la tête du DRS ne manque pas de susciter les interrogations des observateurs. Même s’il a fait toute sa carrière au sein du DRS, Athmane Tartag est un civil depuis 2014 et sa nomination à la tête du DRS à ce titre pourrait indiquer qu’on se dirige en Algérie vers une agence de renseignement « civile ». Mais dans ce cas pourquoi c’est le vice-ministre de la défense nationale et chef d’état-major de l’ANP qui l’a installé officiellement ? Par ailleurs, la nomination de Athmane Tartag, un ancien proche du général de corps d’armée Toufik, à la tête du DRS pourrait laisser penser que le départ de ce dernier n’était pas sans aucune garantie. Il est difficile dans ce cas de voir dans la nomination de Athmane Tartag une victoire absolue du président Bouteflika et de son frère cadet Saïd Bouteflika comme le suggèrent certains observateurs.

Enfin la nomination à la tête du DRS d’un ancien général qui fut durant longtemps chargé de la lutte antiterroriste pourrait également être interprété comme un signal fort de la part de l’Etat algérien à toutes les parties qui risquent de voir dans la restructuration actuelle des services de sécurité un motif d’affaiblissement et une occasion de se lancer dans des opérations de déstabilisation menaçant la sécurité nationale.

Qui est Athmane Tartag ?

Pour rappel, Athmane Tartag a fait toute sa carrière au sein des services de sécurité algériens. Né en 1950 à El Eulma, il a étudié à l’université de Constantine (il est titulaire d’une licence de géographie) avant de s’engager dans l’armée en 1972. A l’issue de sa formation, il sera recruté par la Sécurité militaire et fera une formation de six mois dans un établissement du KGB. Au début de sa carrière, il a été muté au service de sécurité de la 3e Région militaire à Tindouf et c’est là qu’il aura notamment pour mission de former les premiers noyaux militaires du Front Polisario. Par la suite, il sera nommé à la tête de la direction régionale de la sécurité de l’armée à Constantine.

Durant la décennie noire, il sera l’un des responsables de la lutte antiterroriste en tant qu’adjoint du patron de la DCE (contre-espionnage) de l’époque, le défunt général Smaïl Lamari, ce qui lui a valu de nombreuses critiques de la part de ceux qui mettaient l’accent sur les dépassements commis par l’armée et les services de sécurité dans la lutte contre les groupes terroristes. Nommé général 2000, Athmane Tartag fait partie des généraux qui n’étaient pas très chauds pour le second mandat du président Bouteflika en 2004 et il en paiera le prix puisque en 2007, à la mort du général Smaïl Lamari, c’est le général Ahmed Kherfi qui prendra la tête de la DCE. Mais en 2011, Athmane Tartag est rappelé à ce poste en remplacement du général Ahmed Kherfi. En 2012, Athmane est nommé général-major et paraît dans la peau d’un successeur potentiel du général de corpos d’armée Mohamed Mediene à la tête du DRS jusqu’à septembre 2013 quand il fera les frais de l’opération de restructuration en même temps que d’autres généraux du DRS.

Admis à la retraite en 2014, le général-major Athmane Tartag sera cependant nommé conseiller aux affaires de sécurité à la présidence de la république. Cette nomination poussé certains observateurs à écrire que la présidence de la république a réussi un joli coup en « récupérant » Athmane Tartag qui se serait ainsi mis au service des adversaires de son ancien patron, le général Toufik. Cette thèse pourrait être corroborée aujourd’hui par sa nomination à la tête du DRS. Mais d’autres sources affirment qu’il n’en est rien et que la nomination de Athmane Tartag n’est qu’une solution de compromis entre la présidence et l’état-major de l’ANP en attendant une restructuration complète et définitive de ce département. L’avenir proche nous en dira davantage.