Le témoignage troublant de Khaled Nezzar

Un ancien officier de police, Khaled Ziari a saisi l’occasion du 27e anniversaire des évènements douloureux du 5 octobre 1988 pour mettre en cause sur sa page Facebbok l’ancien ministre de la défense nationale, le général à la retraite Khaled Nezzar. Ce dernier lui a répondu sur les colonnes du journal électronique appartenant à son fils, Algérie patriotique. Nezzar nie toute responsabilité dans les massacres du 5 octobre 1988. Certes, Nezzar qui était à l’époque le chef d’état-major adjoint de l’armée algérienne ne peut être à lui seul rendu responsable de la répression qui s’est abattue sur les émeutiers. L’ordre de faire intervenir l’armée provient des plus hautes instances politiques du pays et à leur tête l’ancien président de la république Chadli Bendjedid. Cependant, le rappel de ces vérités ne dédouane nullement Khaled Nezzar de ses responsabilités surtout qu’il était le responsable numéro un sur le terrain. Nezzar se serait grandi en assumant sa part de responsabilité dans cette tragédie, en rendant hommage à la mémoire des jeunes abattus et en demandant pardon à leurs familles.

Mais Khaled Nezzar n’a pas seulement raté l’occasion de faire un témoignage à la hauteur de l’évènement. Pour se frotter les mains, il n’a pas hésité à mettre en cause son supérieur direct de l’époque, le général  Abdallah Belhouchet en prétendant : «  je l’ai renvoyé manu militari parce qu’il voulait faire intervenir les hélicoptères contre les manifestants ». D’abord, il est à se demander dans quel genre d’armée, un subordonné se permet de renvoyer purement et simplement son supérieur ? Ensuite, si Nezzar a pu renvoyer son supérieur qui voulait faire intervenir les hélicoptères, pourquoi n’est-il pas intervenu pour empêcher l’intervention des chars contre les émeutiers et la torture des jeunes emprisonnés ?

La mise au point de Nezzar est d’autant plus troublante que les observateurs se demandent pourquoi Nezzar a attendu des années après le décès du général Belhouchet pour faire ce témoignage ? Quel crédit accorder au témoignage contre une personne décédée qui ne peut plus de défendre contre les graves accusations dirigées contre elle ? Les lecteurs jugeront d’eux-mêmes de la liberté que prend aujourd’hui Khaled Nezzar avec l’honneur militaire. Espérons que d’anciens officiers supérieurs à la retraite pourront témoigner pour confirmer ou infirmer les déclarations de Khaled Nezzar. Mais en tout état de cause, la question politique posée par les évènements du 5 octobre reste entièrement posée. La manipulation de la rue par des clans rivaux au sein du pouvoir, la facilité avec laquelle on tue et on torture des jeunes algériens et l’absence de remords et d’autocritique de la part des responsables (anciens et actuels) sont des signes politiques inquiétants.