Les confessions troublantes de Rabah Boucetta

Dans une contribution publiée par un site algérien, un ancien membre de la direction du RCD, Rabah Boucetta, a fait un bilan peu élogieux du mode de fonctionnement de son ancien parti. Dans un texte qui ressemble fort à une confession, Rabah Boucetta commence par prendre la défense d’un autre dirigeant qui s’est retrouvé récemment mis à l’index par la direction de son parti : Nordine Aït-Hamouda. Ce dernier bénéficiait apparemment d’un statut particulier au sein du parti « Mais il a suffi à Nordine de s’opposer au candidat choisi par le président réel, et non pas fantoche, du RCD aux dernières sénatoriales pour que la machine du parti se mette en branle afin de broyer le dernier des Mohicans. Ce rouleau compresseur, mis en place depuis la création du parti, a écrasé des centaines de militantes et de militants sincères, et pas des moindres » peut-on lire dans la contribution de R.Boucetta.

L’ancien dirigeant du RCD n’hésite pas à tirer à boulets rouges contre la direction de son ancien parti et explique la campagne orchestrée contre Nordine Aït-Hamouda par les procédés staliniens qui ont toujours été utilisés par la direction pour se débarrasser des cadres récalcitrants : « Afin de mieux comprendre, je rappelle les propos du président du parti à la veille du congrès de mars 2012. Il disait : «Maintenant que je me suis débarrassé des Lounaouci, Mira, Ferdjellah et Brahimi, je peux m’en aller tranquillement et vous laisser le parti.» Complices que nous étions, nous avions tous applaudi cette «sage décision», mais nous ne nous sommes rendu compte que lorsque l’injustice nous a frappés à notre tour. Tous les cadres du parti étaient complices de Saïd Sadi quand ils étaient dans sa proximité. Il a utilisé feu Mustapha Bacha pour exclure Aït Larbi Mokrane, Amara Benyounès pour écarter Ferhat Mehenni, Djamel Ferdjellah pour éliminer Amara Benyounès, et pour ma part, j’ai servi de fer de lance pour éliminer les Ferdjellah, Mira et Brahimi, avant que je ne sois sacrifié, à mon tour, pour le règne absolu d’un Mohcine Bellabas. Ce dernier mettrait fin à l’épopée Saïd Sadi. Le mobile des exclusions n’est jamais celui évoqué dans les dossiers disciplinaires »

Rabah Boucetta évoque les véritables raisons de la campagne orchestrée contre Nordine Aït-Hamouda en vue de préparer son exclusion par une direction qui continue, selon lui, d’obéir au véritable chef qui tire les ficelles derrière le rideau, Saïd Sadi : « Que reproche-t-on, réellement, à Nordine Aït Hamouda ? Ayant été à la tête du département de l’organique pendant plus d’une dizaine d’années, je pense que je dispose d’un minimum de légitimité afin de produire une analyse pertinente de cette situation. En effet, le parti réagit toujours avec les mêmes procédés. Comme d’habitude, l’appareil actionnera sa machine de propagande pour inventer des histoires à dormir debout. La première étant de qualifier le dissident d’agent du DRS. Ce n’est un secret pour personne que Nordine Aït Hamouda, en tant que chef des patriotes, travaillait sous la responsabilité de cette institution. En décidant de lâcher le fils du colonel Amirouche, Saïd Sadi envoie des signes et propose, en réalité, ses services au président de la République. Sauf que ce dernier n’est, certainement, pas prêt à oublier la manière avec laquelle Sadi l’avait abandonné en 2001 »

Saïd Sadi serait tenté, selon Rabah Boucetta, de reprendre du service auprès de Bouteflika dans la mesure où il sait que par la voie démocratique, son parti n’arrivera jamais à rien : « Le seul à avoir compris que le parti ne pèse rien sur l’échiquier politique, c’est son ex-président, le président réel en fait. Et c’est la raison principale de son retrait tactique lors du dernier congrès, tout en continuant à tirer les ficelles derrière le rideau, en attendant des jours meilleurs. Cependant, les journaux de la presse privée continuent à réserver à Saïd Sadi une place importante et participent d’une stratégie qui brouille, à tort ou à raison, la visibilité politique dans un pays où il n’existe pratiquement pas d’organismes de sondage qui nous permettraient de connaître le poids de cet imposteur dans la société ». La confession de Rabah Boucetta constitue une pièce précieuse susceptible d’éclairer les Algériens sur la véritable nature d’un parti qui continue de tromper l’opinion publique par ses slogans pseudo-démocratiques. Dommage que l’auteur n’ait pas poussé plus loin sa réflexion pour comprendre les racines véritables du fonctionnement autoritaire du RCD (comme de la plupart des partis politiques algériens) et ses nombreuses compromissions avec les clans les plus anti-populaires du pouvoir.