Makri met en cause une « cinquième colonne »

Sur sa page Facebook, le dirigeant du MSP, Abderrazak Makri, n’a pas hésité à publier un texte pointant du doigt ce qu’il a appelé une « force politique étrangère » qui serait selon lui « infiltrée au sein des appareils de l’Etat algérien » pour réaliser un plan visant à porter atteinte aux composantes de l’identité nationale algérienne. L’article en question fait référence notamment aux projets concernant le système éducatif mais il a également cité les projets visant à réglementer la famille et les mosquées. Abderrazak Makri n’est pas l’auteur de l’article en question mais en le reprenant sans aucun commentaire, il lui donne implicitement son assentiment.

Ce n’est pas la première fois qu’une personnalité publique met en cause ouvertement l’existence d’une sorte de « cinquième colonne » au sein de l’Etat algérien ayant pour mission de frapper les « constantes nationales » et notamment les références à la langue arabe et à la religion islamique. Mais le projet de la ministre de l’éducation nationale visant à introduire l’enseignement de l’arabe dialectal dans le premier cycle primaire est venu rappeler à ceux qui doutaient de l’existence de cette force qu’elle existe bel et bien et que ses défenseurs occupent des postes importants au sein de l’Administration centrale algérienne.

Cependant, les courants qui font état de l’existence de cette « cinquième colonne » ne sont jamais arrivés à lutter efficacement contre elle. D’une part, les nationalistes au pouvoir (FLN, RND) sont occupés à gérer leurs rentes de position et leur nationalisme ne dépasse guère les slogans creux à caractère électoral. Les autres courants nationalistes minoritaires sont dispersés ou continuent à lutter avec des discours et des méthodes surannés. Quant aux mouvements islamistes comme le MSP, le FJD ou Ennahda, outre leur division, ils n’arrivent pas à dépasser le discours incantatoire en faveur d’un « projet islamique » vague et dénué d’un véritable programme alternatif quand ils ne se fourvoient pas dans des alliances contre-nature avec les pires prolongements de la « cinquième colonne » qu’ils dénoncent par ailleurs comme c’est le cas de la CNLTD où islamistes et laïcards du RCD se retrouvent ensemble pour on ne sait quelle « alternative démocratique ».  Pire, leur dogmatisme et leur sectarisme empêche les mouvements islamistes d’évoluer sur les questions de société, donnant ainsi à leurs détracteurs (laïco-assimilationnistes et berbéristes) des raisons faciles de les diaboliser et de les présenter comme des ennemis de la démocratie et du progrès social.