Saadani accuse l’ « Etat profond » de manipuler le Hirak contre l’armée

Dans un entretien à notre confrère TSA, l’ancien secrétaire général du FLN, Amar Saadani, n’a pas mâché ses mots. Il a accusé ce qu’il appelle l’ « Etat profond » d’être derrière le Hirak populaire qu’il cherche à instrumentaliser dans son plan visant à neutraliser le commandement de l’armée algérienne qui est le seul capable de s’opposer à sa volonté de reprendre les positions perdues.  » Depuis le début, l’État profond était la locomotive du hirak et voulait atteindre l’institution militaire, que j’ai appelée à l’époque « le centre ». Ils ont commencé avec les quatre « B ». Ils voulaient le petit-lait et cachaient le récipient. Le petit-lait, c’est l’institution militaire. Leur cible n’était ni le « B » du Parlement ni celui du gouvernement ni même Bensalah. Ils voulaient atteindre les institutions. Avec le temps, on voit qu’ils attaquent uniquement le « centre », c’est-à-dire le chef d’état-major et l’institution militaire. C’est ce qui est voulu à l’étranger et par leurs relais à l’intérieur. A l’étranger, on veut changer l’orientation de l’institution militaire, ses convictions, ses achats d’armes, ses alliances. Car depuis l’indépendance, l’institution avait la même orientation et le même programme et achetait les armes d’une seule partie »

Pour Amar Saadani, il ne s’agit pas seulement d’une lutte pour le pouvoir mais d’un affrontement entre deux projets politiques diamétralement opposés : « L’institution militaire porte le projet nationaliste car il y a une lutte entre deux projets. Le projet de l’État nationaliste a frappé dès 2015 celui de l’État profond, lui causant des dégâts considérables. Aujourd’hui, l’État profond tente de se reconstruire et certains lui procurent de l’oxygène pour le sauver et le sortir du coma afin de relancer son projet. C’est ce que sont en train de faire des individus se trouvant parmi les avocats, les juges, la presse et Facebook. Ils portent le projet de l’État profond dont ils souhaitent le retour. De ce fait, la lutte n’est pas entre l’institution militaire et les citoyens, mais entre deux projets, celui de l’État nationaliste et celui de l’État profond qui a perdu plusieurs rounds mais qui ne désespère pas de se reconstruire. On se focalise sur Gaïd Salah et l’institution militaire, parce que ce sont eux qui portent le projet de l’État nationaliste maintenant. Si l’étendard tombe des mains du chef d’état-major, l’État nationaliste tombera pour laisser place à l’État profond qui est dirigé d’outre-mer. »

Enfin Amar Saadani s’est prononcé clairement en faveur de la tenue des élections présidentielles prévues pour le 12 décembre prochain : « Aller aux élections sera moins coûteux que de ne pas y aller. Il n’existe pas de profit total, mais il peut y avoir une perte totale. Il est plus sensé d’aller vers les urnes, même pour élire un tiers de président. On prendra ça comme une période qui ressemblera à une transition. Car la période de transition signifie que c’est l’armée qui gouverne et il est clair qu’entre cela et un président élu, on choisira la seconde option. C’est pour cela que j’appelle tous les patriotes et les militants des partis politiques et des organisations à aller aux élections pour remettre le pouvoir au peuple. C’est lui qui changera par la suite celui qu’il estime qu’il n’est pas à sa place. Les élections sont la solution dans cette conjoncture et l’armée veut se délester de cette charge afin de se consacrer au volet sécuritaire et aux missions qui font partie de ses prérogatives. »