Benghebrit défend son projet de révision du programme scolaire
La ministre de l’Education nationale, Nouria Benghebrit a assuré dimanche à Alger que la réécriture des programmes scolaires « ne concernera d’aucune manière les constantes nationales ». Intervenant lors d’une journée d’information sur les programmes de deuxième génération, en direction des partenaires sociaux, Mme Benghebrit a affirmé que la réécriture des programmes ne « saurait en aucun cas affecter les principes qui fondent la politique de l’Education conformément aux dispositions de la Constitution et la loi d’orientation sur l’Education nationale ». »Le secteur s’emploie non seulement à promouvoir les valeurs liées à l’Islam, à l’arabité et à l’amazighité mais aussi à inculquer à nos enfants le sens de la citoyenneté et l’attachement à l’unité nationale et aux symboles de la nation », a-t-elle poursuivi.
Pour contrer les critiques qui lui reprochent de vouloir mettre en cause la référence à la culture et à la civilisation arabo-musulmane, Benghebrit met en avant l’argument de l' »algérianisation » du programme scolaire. En effet,dans le cadre de la réécriture des programmes, le ministère s’attelle à « mettre en avant le patrimoine national qui représente un taux infime dans les programmes actuels (2%), a encore soutenu la ministre précisant que cet aspect sera essentiel dans les nouveaux programmes. Ils (programmes) seront axés sur l' »enseignement des dimensions géographique, historique, humaine et civilisationnelle du pays à travers l’introduction de nombreux auteurs algériens, a ajouté Mme Benghebrit soulignant que le défi du secteur est de « former une jeunesse équilibrée en parfaite harmonie avec sa société dotée des compétences l’habilitant à concevoir et à réaliser ses propres projets », a-t-elle dit. De leur côté, ses détracteurs ne sont pas opposés à l’introduction d’auteurs algériens dans le programme mais ils soupçonnent la ministre et ses conseillers d’utiliser cet argument afin de minimiser la dimension arabe et musulmane au profit d’une conception étroite de la modernité qui revient à reproduire les poncifs de l’idéologie néocoloniale française.
Interrogée sur un possible recours par le secteur de l’Education à des experts étrangers, la ministre n’a pas nié ce fait très grave en soi même si elle a cherché à le diluer dans des considérations générales: « il est tout à fait normal d’établir une collaboration avec des experts dans un cadre bilatéral ou multilatéral dans l’objectif de tirer profit de l’expertise étrangère en matière de formation des enseignants et inspecteurs ». La commission nationale des programmes est composée de quelque 200 experts et inspecteurs répartis sur 23 groupes, a fait savoir Mme Benghebrit soulignant que l’expérience française n’est pas la seule à être mise à profit. Nous bénéficions aussi de celles de la Belgique, la Grande Bretagne et de l’UNESCO ». Les observateurs insistent sur le fait que les « conseils » français de Benghebrit sont restés jusqu’ici quasi-confidentiels alors que le débat sur la réforme des programmes scolaires gagnerait à être public surtout que dans ce domaine il n’y a pas de « conseils » techniques neutres, les choix pédagogiques et leurs supports, surtout quand il s’agit de sciences humaines, cachent souvent des choix idéologiques et politiques inavoués.