Une campagne électorale sous le signe du populisme et du régionalisme
La campagne pour les élections communales du 23 novembre s’achève comme elle a commencé dans un climat d’une indigence politique extrême. Les candidats vont à l’assaut des maigres ressources qui restent entre les mains du pouvoir communal pour régler leurs affaires et celles de leurs proches. Les électeurs ne sont pas dupes et si une partie continue de jouer le jeu c’est dans l’espoir de voir des cousins ou des amis entrer dans le conseil communal pour avoir quelqu’un sur qui compter pour régler ses petites affaires. Pour le reste, le discours politique n’a pas changé ou si dans le pire.
En effet, la campagne électorale de cette année a permis aux observateurs d’apprécier le degré d’indigence politique de la classe dirigeante. Passons sur les déclarations du sénile Djamel Ould Abbes dont on ne sait pas si on doit en rire ou pleurer comme sa dernière déclaration en date puant le populisme : » je ne consomme pas le yaourt, je préfère le raïb des mes ancêtres« …De son côté, le secrétaire général du RND qui occupe par ailleurs le poste de premier ministre, Ahmed Ouyahia, n’a pas hésité à lancer depuis la wilaya de Tizi Ouzou un discours populiste aux relents régionalistes qui fait froid au dos. Les Kabyles seraient montés au maquis avant 1954, sous-entendu avant les autres Algériens et avant la proclamation du 1er novembre ! Il est normal dans ces conditions que sa déclaration affirmant aux présents dans la salle : « vous êtes les maîtres du pays » ait pu être interprétée comme une déclaration équivoque qui peut avoir une lecture régionaliste. Cette lecture rejoint le discours chauvin des berbéristes qui osaient affirmer que les Kabyles sont des Algériens et demi (sous-entendu les autres Algériens seraient des moitiés d’Algériens) avant de finir par se transformer tout logiquement en partisans de l' »indépendance de la Kabylie » contre ce qu’ils appellent le « colonialisme algérien ».
Malheureusement, Ahmed Ouyahia n’a pas le monopole de ce genre de discours. Le premier secrétaire du FFS, Mohamed Hadj Djilani n’a pas hésité à déclarer pompeusement qu’ « il n’y a pas de démocratie sans le FFS ni d’Algérie sans la Kabylie ». Comme on pouvait s’y attendre, ce genre de discours qui allie populisme et régionalisme n’a pas manqué de susciter des réactions indignées sur les réseaux sociaux. Même si certaines réactions n’ont rien à envier à celles auxquelles elles répondent et versent parfois dans un discours anti-kabyle primaire tout aussi chauvin, elles n’ont aucun mal à rappeler au FFS ses quatre vérités : son recours à une insurrection armée contre le gouvernement central en 1963 au moment où l’Algérie subissait une agression militaire du voisin marocain, ses relations douteuses avec l’Internationale socialiste, ses appels à l’internationalisation de la crise algérienne et à l’ingérence étrangère durant la décennie noire et enfin son instrumentalisation par le DRS et ses compromissions avec les Bouteflika durant ces dernières années dans les luttes de clans en Algérie. Mais au-delà de ces discours électoraux de circonstance, les observateurs politiques se posent la question si le berbérisme kabyliste, qui était jusqu’à ces dernières années un courant minoritaire, n’est pas en train de devenir l’idéologie dominante de la caste dirigeante algérienne et de ses ramifications au sein de la mafia politico-financière et du microcosme algérois qui contrôle la plupart des médias.