La mémoire continue de parasiter les relations algéro-françaises
A l’occasion de la célébration du 56eme anniversaire de l’accession de l’Algérie à l’indépendance nationale la question de la mémoire revient au devant de la scène. Pour l’Algérie, qui a arraché sa liberté au prix d’incommensurables sacrifices et après une nuit coloniale de plus de 130 ans, la question mémorielle constitue « l’axe principal » dans les relations entre les deux pays et le critère à l’aune duquel se construit une « confiance mutuelle ». L’Algérie a fait une demande officielle à la France pour la restitution des crânes des résistants algériens du XIXe siècle et les archives de 1930 à 1962. A l’occasion de sa visite de travail et d’amitié à Alger le 6 décembre dernier, le président Emmanuel Macron avait fait part de la disposition de la France à restituer les crânes de résistants algériens conservés au Muséum national d’histoire naturelle (MNHN) de Paris, qui avaient combattu à Zaâtcha (Biskra) l’armée d’invasion française en 1849.
Le président français avait indiqué, aussi, que la France était prête à restituer des copies des archives concernant l’Algérie. Bien que ces annonces soient positives, la question mémorielle est loin d’être épuisée. Trois commissions mixtes ont été mises sur pied pour examiner et élucider tous les contentieux liés à cette question. Les discussions sont engagées, notamment, autour de la restitution des archives, l’indemnisation des victimes algériennes des essais nucléaires dans la Sahara algérien et les disparus algériens durant la Guerre de Libération nationale. Plus généralement, il est attendu de la France, dans une démarche cathartique inéluctable, de reconnaitre les souffrances infligées au peuple algérien et les crimes de guerre et contre l’humanité commis par l’armée coloniale française durant son occupation de l’Algérie.
A travers l’évocation de son passé dramatique à la suite de l’invasion française, le peuple algérien exerce son devoir de mémoire envers ses ancêtres, tombés en résistants, emprisonnés ou déportés, dépossédés de leurs terres et de leurs biens, avait affirmé le président Abdelaziz Bouteflika. « De tels rappels ne sont porteurs d’aucune haine, même si notre peuple exige toujours une reconnaissance de ses souffrances de la part du colonisateur d’hier, la France, avec laquelle l’Algérie a engagé la construction d’un partenariat d’exception qui se doit d’être mutuellement bénéfique, un partenariat qui gagnera en sérénité et en élan dans une reconnaissance des vérités de l’Histoire », avait-il souligné.