Qui a intérêt à saboter tout rapprochement algéro-français ?

L’ouverture d’un bureau de « La République en marche » (LREM, le parti d’Emmanuel Macron) à Dakhla, située au Sahara occidental (un territoire occupé relevant de la Commission de décolonisation des Nations Unies) apparaît comme une véritable provocation politique à un moment où on commençait à espérer un réchauffement des relations diplomatiques entre Alger et Paris  surtout après la visite du chef d’état-major des armées françaises à Alger. Certes, il s’agit d’une initiative partisane qui n’engage pas diplomatiquement le gouvernement français comme tend à le montrer la déclaration de la porte-parole du Ministère français des affaires étrangères qui a tenu à rappeler que la France continue de soutenir le plan onusien de règlement de la question sahraouie. Mais le mal est fait et même si c’est le Sahara occidental qui en constitue la principale cible, il s’agit de fait d’un acte hostile à l’Algérie ou qui peut être interprété comme tel.

L’initiative en question est d’autant plus préoccupante qu’elle survient en même temps que l’annonce du report de la visite que devait effectuer à Alger le premier ministre français, Jean Castex. Certes, le report de la visite a été effectué à la demande du gouvernement algérien. Le prétexte officiel avancé pour justifier ce report serait lié à la pandémie de Covid-19 mais aucun observateur n’a cru à cette version. La décision du gouvernement algérien aurait-elle été dictée par la malheuresue initiative du parti d’Emmanuel Macron comme l’ont laissé entendre certaines sources ? Ou bien y-a-t-il d’autres raisons, plus sérieuses, en rapport avec les dossiers litigieux en suspens ? Quelles que soient les raisons qui ont conduit au report de la visite du premier ministre français, une chose reste sûre : le dépassement des différends qui plombent la coopération algéro-française butte apparemment sur des lobbies solides qui n’ont pas intérêt à un rapprochement sérieux entre les deux pays.

A regarder de près les choses, les tentatives de sabotage des relations algéro-françaises risquent de nuire plus aux intérêts français qu’aux intérêts algériens. A chaque crispation dans les relations entre les deux pays, le gouvernement algérien se tourne vers de nouveaux partenaires asiatiques et européens. Il n’y a rien que la France puisse exporter en Algérie que l’Algérie ne saurait acheter ailleurs. Concernant la situation sécuritaire dans la sous-région du Sahel, la France (et avec elle ses alliés américains) est en train de s’apercevoir que rien de sérieux ne peut se faire sans l’Algérie. C’est dire que les lobbies antialgériens qui croient faire mal à l’Algérie risquent finalement de faire du  tort à leut propre pays.

Mohamed Merabet