Le président Tebboune désigne un expert financier à la tête du gouvernement
Les Algériens s’attendaient à un gouvernement politique au lendemain des élections législatives du 12 juin qui donnerait le signal d’un changement institutionnel. Manifestement, le président de la république en a décidé autrement. En nommant Aymen Benabderahmane comme premier ministre, le président de la république a plutôt choisi une figure technocratique qui en dit long sur la nature et les missisons du prochain gouvernement. En effet, Aymen Benabderahmane n’est pas un inconnu puisqu’il a été ministre des finances au sein du gouvernement Djerrad depuis juin 2020 et auparavant il a occupé durant un an le poste de gouverneur de la Banque d’Algérie. Aymen Abderahmane est une figure type du technocrate algérien « incolore et inodore ». Né en 1966 à Alger, il a fait l’ENA avant d’occuper successivement les postes d’inspecteur des Finances puis d’inspecteur général des Finances avant de se voir propulsé à la tête de la Banque d’Algérie en 2019.
Si la nomination d’un technocrate issu de l’Algérois s’explique sans doute par le souci de l’équilibre régional, surtout dans le cas probable où Abdelaziz Djerrad serait nommé à la tête du cabinet de la présidence de la république, les observateurs s’interrogent néanmoins sur le choix d’un expert financier à la tête du gouvernement dans la présente conjoncture. La rigueur financière dont a fait preuve jusqu’ici le gouvernement a permis de diminuer la valeur des importations mais les dévaluations successives du dinar n’ont pas manqué d’affecter sérieusement le pouvoir d’achat des Algériens. La nomination de Aymen Abderahmane constitue-t-elle un signe que le prochain gouvernement va continuer sur la voie de la rigueur financière ?
Si la rigueur financière n’est pas en cause dans la présente conjoncture, les experts algériens se demandent si elle suffira à elle seule à sortir l’Algérie de la crise actuelle. En effet, la rigueur financière devient prioritaire quand il faut gérer la valeur créée dans le cadre de l’économie nationale. Or, dans le cas de l’Algérie, la question prioritaire est de créer cette valeur notamment en dehors du secteur des hydrocarbures. L’Algérie avait besoin d’un premier ministre capable d’impulser les activités économiques productives en vue de créer la valeur, bref un stratège capable de créer de nouveaux équilibres économiques et non un technocrate tout juste capable de gérer les équilibres actuels. A titre d’exemple, malgré son âge avancé, le professeur Chems Eddine Chitour aurait été bien meilleur à ce poste.
S. Nasri