Une nouvelle escalade dans la crise diplomatique entre Paris et Bamako
La tension diplomatique entre Paris et Bamako vient de connaître une nouvelle escalade. Le gouvernement malien a décidé d’expulser l’ambassadeur de France, a annoncé, lundi 31 janvier, un communiqué lu à la télévision d’Etat : « Le gouvernement de la République du Mali informe l’opinion nationale et internationale que ce jour (…) l’ambassadeur de France à Bamako, son excellence Joël Meyer, a été convoqué par le ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale [et] qu’il lui a été notifié la décision du gouvernement qui l’invite à quitter le territoire national dans un délai de soixante-douze heures. » La France « prend note » de l’expulsion de son ambassadeur au Mali, a déclaré lundi le ministère des affaires étrangères français. Les autorités maliennes ont justifié cette décision par les récentes déclarations « hostiles » de responsables français à leur encontre. La ministre des armées de la République française, Florence Parly, a déclaré le 25 janvier que la junte multipliait « les provocations ». Son homologue des affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a, deux jours après, qualifié lae pouvoir malien de « junte illégitime » et ses décisions d’« irresponsables », après le retrait du contingent des forces spéciales danoises à la demande des autorités maliennes.
« Le gouvernement du Mali condamne vigoureusement et rejette ces propos qui sont contraires au développement de relations amicales entre nations », ajoute le texte, dans lequel Bamako « réitère sa disponibilité à maintenir le dialogue et poursuivre la coopération avec l’ensemble de ses partenaires internationaux, y compris la France, dans le respect mutuel et sur la base du principe cardinal de non-ingérence ». Le ministre des affaires étrangères malien, Abdoulaye Diop, avait prévenu vendredi que son pays n’excluait « rien » dans ses relations avec la France. L’expulsion de l’ambassadeur français marque un regain de tensions entre le Mali et la France, l’ancienne puissance coloniale engagée militairement au Mali et au Sahel depuis 2013. Les relations n’ont cessé de se détériorer depuis que des colonels ont pris par la force en août 2020 le pouvoir après avoir renversé le président Keita incapable à leurs yeux de surmonter la grave crise qui mettait en danger l’intégrité du pays..
Officiellement, la France serait entrée en crise avec le Mali en raison de son attachement à l’ordre constitutionnel mais dans les faits Paris, qui s’accommode bien de régimes dictatoriaux dans d’autres pays africains, cherche surtout à sauver son influence dans ce pays qui commence à regarder vers d’autres partenaires comme la Russie et la Chine. Le quotidien français Le Monde reconnaît ainsi que » La France et ses alliés européens s’alarment aussi de l’appel fait, selon eux, par la junte aux mercenaires de la sulfureuse société russe Wagner, groupe réputé proche du Kremlin« . De son côté, le nouveau pouvoir malien dément ces allégations et déclare qu’il est très satisfait de la qualité de la coopération militaire prodiguée par le nouveau partenaire russe. C’est ce qui a conduit le pouvoir malien à décider de réviser les accords de défense avec l’ancienne puissance coloniale. Le ministre des affaires étrangères malien, Abdoulaye Diop, avait prévenu vendredi que son pays n’excluait « rien » dans ses relations avec la France, y compris une dénonciation de ces accords.