Hocine Aït-Ahmed: Une personnalité controversée
Comme toutes les grandes personnalités de l’histoire, Hocine Aït-Ahmed est avant tout une personnalité controversée. On peut l’aimer ou ne pas l’aimer, il ne pouvait et ne peut laisser indifférents. Ses partisans et admirateurs retiendront de Hocine Aït-Ahmed l’image d’un fervent militant pour la cause berbère, la démocratie et les droits de l’Homme en Algérie. A l’annonce de sa mort, plusieurs médias algérois lui ont consacré des articles dithyrambiques. L’emphase avec laquelle certains médias décrivent cette personnalité ne doit pas faire oublier qu’elle avait de nombreux critiques. Ces derniers lui reprochent le fait d’avoir maquillé avec des slogans démocratiques importés la soif de pouvoir qui l’habitait au même titre que tous les autres dirigeants de la Révolution algérienne. A l’appui de leurs dires, les détracteurs de Hocine Aït-Ahmed citent ce qu’ils appellent son « zaïmisme » et son autoritarisme y compris dans la gestion des affaires de son propre parti.
Plusieurs dissidents du parti n’ont pas manqué de révéler publiquement les travers d’une gestion personnelle et autoritaire des affaires du parti qui ressemble comme deux gouttes d’eau à l’autoritarisme tant décrié des dirigeants du FLN et de l’Etat algérien. Pour décrire le mode de fonctionnement du FFS, ces dissidents n’hésitaient pas à parler d’un parti « dirigé par fax » Autre indice de la mainmise du leader historique sur la vie du parti, le turn-over des directions successives à la tête du parti qui devaient à chaque fois être adoubées par le zaïm.
Mais au-delà de ces questions à caractère politico-organique, c’est le bilan politique de Hocine Aït-Ahmed qui est au centre de débats passionnés. Le dirigent historique est mort avant de voir naître la démocratie telle qu’il la souhaitait. Aucun analyste sérieux ne oeut lui reprocher cet échec qui est à imputer avant tout au pouvoir et aux circonstances historiques dans lesquelles le combat pour la démocratie a lieu. Cependant, certains critiques retiendront de la carrière politique de cette figure emblématique de la Révolution algérienne plusieurs points négatifs à commencer par l’aventure de 1963 qui a compromis les chances de son parti de jouer un rôle politique de premier plan. Lors de la décennie noire, si le choix de Hocine Aït-Ahmed en faveur du dialogue et de la réconciliation nationale a été à son honneur, des patriotes ne lui pardonnent pas d’avoir appelé à l’internationalisation de la crise algérienne et d’avoir versé dans la campagne de « Qui tue qui ? » orchestrée en France par certains lobbies en vue de casser l’armée algérienne. Enfin ses critiques rappellent surtout son incapacité à sortir son parti, le FFS, de son ghetto kabyle. En se laissant enfermer dans l’image d’un parti avant tout régionaliste, le FFS a raté plus d’une occasion de jouer les premiers rôles aux côtés d’autres forces vives de la société algérienne qui aspirent à réformer le système tout en sauvegardant les acquis historiques de la Révolution algérienne.