Abdelmadjid Attar revient sur les enjeux pétroliers dans le contexte actuel

A la veille de la Conférence ministérielle de l’OPEP et de la réunion des pays OPEP et non OPEP qui s’est tenue cette semaine à Vienne,  l’expert dans les questions énergétiques, Abdelmadjid Attar, ex. ministre des Ressources en eau et ex. P-dg de Sonatrach, s’est exprimé dans un entretien à l’APS sur l’évolution des cours du pétrole dans un environnement international complexe. « La meilleure des choses qui puisse arriver et, par conséquent, la meilleure des décisions que les pays OPEP et non OPEP puissent prendre est de revenir à l’accord de décembre 2016 en réduisant leur production au moins par l’équivalent de ce qu’ils ont produit en plus depuis le début de l’année pour, soi-disant, faire face à la chute de production de l’Iran du fait des sanctions américaines, c’est à dire entre 1,5 et 2 millions de barils/jour » a indiqué M. Attar. Les souhaits de l’expert algérien ont été exaucés pour les trois quarts puisque l’OPEP et ses partenaires ont décidé de réduire leur production de 1,2 million de barils/jour.

L’expert algérien est revenu sur la complexité des facteurs ayant conduit au surplus de production qui a provoqué la chute des cours pétroliers. « Ce surplus provoqué par la panique des acheteurs avant les sanctions a été mis sur le marché par l’Arabie Saoudite essentiellement, la Russie, et d’autres pays du Golfe. Ils sont tous conscients du désordre dans lequel évolue actuellement le marché pétrolier, non seulement à cause de ce surplus mais aussi pour d’autres paramètres liés à la croissance de la production pétrolière d’autres pays, de la récession économique mondiale qui entraîne moins de demande pétrolière y compris en Chine, de la mutation accélérée des modèles de consommation énergétique (économie d’énergie, énergies renouvelables…) et, bien sûr, à d’autres facteurs géopolitiques (embargos sur l’Iran et la Russie, guerres économiques USA-Chine-Europe…) »

L’expert algérien a ensuite attiré l’attention sur un autre phénomène tout aussi important à savoir le comportement problématique des pays producteurs lors de la décennie qui a vu une augmentation spectaculaire des cours pétroliers. « La hausse du prix du baril au cours de la décennie 2004-2014 a enrichi et « endormi » les pays producteurs et exportateurs de pétrole, mais a aussi entraîné un profond bouleversement des stratégies des pays consommateurs en matière de modèle de consommation énergétique et de sécurité énergétique. La chute du prix au milieu de 2014 a été une surprise et pris tout le monde de cours, et il a fallu trois longues années, de 2014 à 2016, avec un prix moyen inférieur à 50 dollars, pour commencer à s’adapter à la mutation qui affecte de façon générale le secteur énergétique. Je pense que la période d’instabilité des prix va probablement durer encore 3 à 5 ans avec un prix moyen qui devrait atteindre 70 dollars le baril, sauf bouleversement très grave de nature géopolitique surtout, qui pourra entraîner aussi bien une baisse qu’une hausse sur plusieurs mois, parce que les autres facteurs qui conditionnent ce prix ne sont plus les mêmes. Ces facteurs ne sont pas entre les mains des pays exportateurs OPEP-non OPEP dont la stratégie va consister, à moyen terme, à défendre un prix minimum au prix d’un gel sinon d’une réduction de production. »