Alger et Riad cherchent à aplanir leurs différends diplomatiques
Les relations entre l’Algérie et l’Arabie saoudite ne sont pas au beau fixe mais les deux pays semblent déterminés à ne pas en rester là. Le président du Conseil saoudien de la Choura, Abdallah Ben Mohammad Ben Ibrahim Al-Cheikh, a entamé lundi une visite de quatre (04) jours en Algérie, à l’invitation du président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah. Le responsable saoudien a été également reçu en audience par le président Bouteflika. Pour rappel, la visite du président du Conseil consultatif saoudien à Alger survient dans une conjoncture diplomatique marquée par l’aggravation des différends entre les pays arabes et musulmans. Alger et Riad ne sont pas toujours sur la même longueur d’onde s’agissant de la gestion des principaux dossiers qui affectent la sécurité et la stabilité de la région. Sur plusieurs dossiers (Syrie, Yémen, Libye) les deux capitales ne partagent pas le même point de vue. L’équidistance de la diplomatie algérienne face à l’antagonisme qui oppose l’Iran et l’Arabie saoudite est mal perçue par cette dernière. Idem pour le refus de l’Algérie d’intégrer la coalition militaire islamique créée à l’initiative de Riad et qui regroupe une quarantaine de pays musulmans ou à majorité musulmane.
Plus récemment, l’affaire du tifo des supporters de Ain Mlila, qui ont repris un montage photographique représentant le président américain et le roi saoudien avec la mention « deux faces d’une même médaille », a failli créer un incident diplomatique entre les deux pays. Une grande partie de l’opinion publique algérienne soupçonne l’Arabie saoudite de chercher à normaliser secrètement ses relations avec l’Etat d’Israël et de trahir ainsi la cause palestinienne et n’hésite pas à le faire savoir de manière virulente sur les réseaux sociaux. Les divergences entre les deux pays, quoique naturelles, peuvent être exploitées par certaines forces pour nuire à leurs relations et porter atteinte aux intérêts de l’Algérie. C’est pourquoi la diplomatie algérienne s’est empressée de colmater les brèches ouvertes dernièrement à la faveur de plusieurs évènements. Le président Bouteflika a chargé le ministre de la Justice, Tayeb Louh, de transmettre un message personnel au roi d’Arabie saoudite, Salman Ben Abdelaziz. L’Algérie a officiellement condamné le tir de missile balistique par les miliciens houthis en direction de la capitale saoudienne, Riad.
Le premier ministre, Ahmed Ouyahia, n’a pas hésité à exprimer les excuses officielles de l’Algérie suite à l’affaire du tifo des supporters de Ain Mlila en rappelant notamment le soutien historique de l’Arabie saoudite, dès 1955, à la lutte de libération nationale du peuple algérien. L’Etat algérien qui demeure attaché à la cause palestinienne et à la légalité internationale estime que les défis de la conjoncture actuelle recommandent de dépasser les différends inter-arabes par le dialogue et la concertation en vue d’arriver à une position consensuelle sur les grandes questions qui interpellent la nation arabe et musulmane. Les observateurs estiment que s’ils ont parfaitement le droit de défendre la cause palestinienne et de dénoncer la passivité des régimes arabes, les jeunes activistes algériens devraient s’abstenir de toute action qui pourrait nuire aux intérêts de l’Algérie, qui demeure, malgré tout, un des rares pays arabes à refuser la normalisation avec l’occupant israélien et à soutenir inconditionnellement le peuple palestinien et ce, de l’avis des organisations palestiniennes elles-mêmes.