Après celle de Renault, une nouvelle arnaque Peugeot ?
Au cours de sa conférence de presse qui a couronné sa dernière visite à Alger, le président François Hollande a évoqué un projet industriel du groupe Peugeot-Citroën en Algérie qui serait actuellement en cours de discussion avec le gouvernement algérien. La signature d’un accord entre le gouvernement marocain et le groupe automobile français pour la construction d’une usine pour le montage de la Peugeot 301 à Kenitra est une information qui vient mettre à mal le sérieux du projet que ce groupe compte réaliser en Algérie. En effet, la Peugeot qui sera construite au Maroc constitue le principal atout à l’exportation de ce groupe dans la région Afrique-Moyen Orient et on voit mal ce qui reste à construire en Algérie si ce n’est un modèle dédié juste au marché algérien. L’usine Peugeot-Citroën qui serait implantée en Algérie, si le projet voit le jour, sera donc une nouvelle arnaque à l’image de l’arnaque que fut l’usine Renault d’Oran.
S’il fallait une preuve que l’usine Renault d’Oran fut une véritable arnaque, il suffit de lire ce qu’écrivait au lendemain de son inauguration le quotidien économique français, La Tribune, dans son édition du 10 novembre 2014. Le quotidien reconnaît d’abord que « Cette usine répond davantage à des motivations politiques et stratégiques qu’à une logique industrielle. Après tout, l’usine de Tanger et ses 400.000 véhicules par an pouvait parfaitement déverser sa production sur tout le Maghreb » Pourquoi le groupe Renault a-t-il décidé de s’implanter à Oran ? Le quotidien économique français explique ce fait par le désir de Renault de sauvegarder sa position dominante sur le marché algérien. Confronté au gouffre financier que constituent les importations d’automobiles (7 milliards de dollars en 2012) le gouvernement algérien voulait diminuer cette facture en encourageant l’installation d’un constructeur dans le pays.
Le quotidien français explique la précipitation de Renault par les négociations ouvertes entre le gouvernement algérien et le groupe allemand Volkswagen : « Le gouvernement algérien avait proposé à Volkswagen de s’implanter sur son territoire. Le groupe français avait alors fini par s’entendre avec Alger en signant fin 2012, un accord d’investissement, l’Etat algérien prenant 51% de l’usine contre 49% pour Renault. » Le groupe Renault n’avait pas grand-chose à perdre puisque l’essentiel des coûts d’investissement allaient être à la charge du Trésor algérien. Le quotidien français précise en effet que « le coût de l’usine devrait coûter, d’après des officiels algériens cités par l’AFP, près de 800 millions d’euros à terme pour une production de 75.000 voitures par an seulement (contre 400.000 voitures dans l’usine de Tanger qui a coûté un milliard d’euros) »
Le coût exorbitant du projet ne permettra même pas en retour à l’Algérie de réduire sa facture d’importation automobile puisque le volume de production de l’usine Renault sera ridicule (25 000 sur un total de 300 000 véhicules importés annuellement). Malgré la modestie de l’usine d’Oran, le quotidien français conclut que pour le groupe Renault, elle fut un bon coup : « Mais Renault a réussi à négocier l’essentiel : l’exclusivité de la production pendant trois ans. Certes, il avait demandé cinq ans, mais c’est assez pour conforter sa place notamment d’un point de vue industriel.»
Après cette arnaque, voilà que le gouvernement algérien compte récidiver avec le groupe Peugeot-Citroën. Si le groupe Renault, qui est rappelons-le classé premier sur le marché automobile en Algérie, s’est contenté d’une petite usine à Oran, que peut-on attendre du groupe Peugeot-Citroën qui, lui, arrive bien derrière Renault dans le classement des concessionnaires ? Certes, l’Algérie a accusé un énorme retard en termes de capacités de sous-traitance industrielle et tout projet sérieux dans le secteur de l’industrie automobile risque de coûter cher au Trésor dans la mesure où la partie algérienne aura à prendre en charge les coûts de la formation de la main-d’œuvre qualifiée. Mais l’Algérie n’est-elle pas capable d’envisager un projet industriel à la hauteur de ses ressources, de son marché et des attentes légitimes de ses citoyens ? Au regard de ce gâchis, il y a lieu de se poser la question : Y-t-il un gouvernement digne de ce nom dans ce pays ?