Arrestation de Karim Tabou : vers une ennième mise en scène politico-judiciaire ?

Le juge d’instruction près la première chambre relevant du tribunal de Bir Mourad Rais (Alger) a décidé, jeudi, de placer Karim Tabou sous contrôle judiciaire, suite à une plainte déposée contre lui par le président du Conseil national des Droits de l’Homme, Bouzid Lazhari, pour entrave à l’exercice de fonctions durant l’inhumation du doyen des avocats, Ali Yahia Abdennour, lundi dernier, a-t-on appris de source judiciaire. « D’autres chefs d’accusation ont été retenues contre Karim Tabou, à savoir l’incitation au regroupement, la diffamation, l’insulte et le harcèlement d’un fonctionnaire en poste, l’atteinte au respect dû aux morts dans les cimetières, prise et diffusion de photos sans la autorisation de la personne concernée », a ajouté la même source Le porte-parole de l’Union démocratique et sociale (non agréé), Karim Tbaou avait tenté avec d’autres personnes d’expulser le président du CNDH, Bouzid Lazhari du cimetière de Ben Aknoun (Alger) l’empêchant d’assister à l’inhumation du doyen des avocats, Ali Yahia Abdennour, décédé dimanche dernier à l’âge de 100 ans.

 Pour rappel, la chambre correctionnelle près la Cour de Tipasa a décidé, il y a deux semaines, du report au 28 juin prochain du procès en appel de Karim Tabou, condamné en première instance à une peine d’une année de prison avec sursis pour « atteinte au moral de l’armée ». La chambre correctionnelle a reporté la première audience de ce procès en appel, programmé après le jugement rendu à l’encontre de Karim Tabou le 7 décembre dernier par le Tribunal de première instance de Koléa dont l’appel a été interjeté par le Parquet de la même juridiction mais aussi par la Défense de l’accusé. Le Tribunal de Koléa avait condamné le président du parti de l’Union démocratique et sociale (UDS) (non agréé), Karim Tabbou, poursuivi pour « atteinte au moral de l’armée », à un (1) an de prison avec sursis assorti d’une amende de 100.000 Da.

A regarder de près les relations tumulteuses de cet activiste avec la Justice algérienne, on ne peut que se demander si on n’a pas affaire à une ennième mise en scène politico-judiciaire qui consiste à faire de cet énergumène un martyt politique pour pouvoir le recyler éventuellement plus tard dans les jeux politico-claniques dans lesquels excellent ses cousins infiltrés au sein des appareils d’Etat (services de renseignement, police, Justice). Pour rappel, ce n’est pas la première fois que des soupçons sur les liens entretenus par cet activiste avec les services refont surface. Il y a quelques années, au moment de sa destitution et de son révocation de la direction du FFS (2011) et de sa démission en 2012, plusieurs militants avaient, à tort ou à raison, accusé, à l’époque, Karim Tabou de collaboration avec les services.

Mustapha Senhadji