Bakhti Belaïb, un défenseur des intérêts de l’économie nationale

L’Algérie vient de perdre en la personne de feu Bakhti Belaïb, un commis de l’Etat connu pour ses positions patriotiques dans une période où les lobbies de l’import-import et leurs sponsors étrangers ne manquent pas d’agents au sein des appareils de l’Etat. En effet, dès son retour à la tête du ministère du commerce, en 2015, Bakhti Belaïb n’a pas caché ses positions en contradiction avec celles qui étaient défendues par son prédécesseur au ministère du commerce, Amara Benyounes, qui était connu pour sa proximité avec les milieux d’affaires. Bakhti Belaïb n’avait pas hésité à revenir sur les négociations de l’Algérie avec l’OMC. Estimant que « l’accession de l’Algérie à l’OMC n’a actuellement aucun intérêt », M. Belaïb a plaidé pour un renforcement préalable des positions commerciale de l’Algérie, ce qui passe selon lui par une adaptation de l’Accord d’association avec l’union européenne. L’adaptation de l’Accord d’association avec l’Union européenne (UE), actuellement en cours de révision, constituera un « élément fondamental » pour l’Algérie dans son processus d’accession à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), estimait M. Belaîb.

Après avoir souligné sa satisfaction de voir que l’Algérie refuse d’adhérer « n’importe comment » à cette organisation mondiale, Bakhti Belaïb avait estimé nécessaire de consolider le dossier de négociations et avoir une vision claire sur la façon de négocier et sur les droits que l’Algérie doit revendiquer. Il fera savoir dans ce contexte que le groupe de travail algérien chargé des négociations pour l’accession à l’OMC va être renforcé pour mieux mener ce processus et mieux défendre les droits de l’Algérie même après son accession à cette organisation mondiale. L’intensification des rencontres d’informations et de vulgarisation au profit des cadres algériens sur ce dossier figure également parmi les actions retenues pour le l’ex-ministre prématurément disparu, et ce, afin d’être formés à mieux cerner les accords de l’OMC.

Avant de revenir au gouvernement, Bakhti Belaïb n’hésitait pas à participer au débat public sur les choix politiques et économiques de l’Algérie et sur le mode de gestion des hommes d’Etat algériens. C’est ainsi qu’il s’est fait connaître par sa préface à l’ouvrage dans lequel Nasreddine Akkache, un ancien haut fonctionnaire algérien, a égratigné Ahmed Ouyahia (1). Dans sa préface, Bakhti Belaïb affirme que «j’ai particulièrement apprécié dans l’analyse de cette période (la décennie noire ndlr), la force et la justesse des arguments qui ont admirablement permis à l’auteur de mettre en évidence la duplicité, la fausse sincérité ainsi que la prétention démesurée, sans le nommer, d’un responsable qui n’a cessé de croire à son destin national. »

  • Nasreddine Akkache : Les coulisses d’une décennie algérienne, 2014.