Bouteflika limoge le directeur général de la Sûreté nationale

Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a signé mardi deux décrets, l’un mettant fin aux fonctions de M. Abdelghani Hamel en tant que Directeur général de la Sûreté nationale (DGSN), et l’autre portant nomination de M. Mustapha El-Habiri à la tête de ce corps de sécurité, indique un communiqué de la présidence de la République. Le limogeage de Abdelghani Hamel semble être directement lié à l’affaire de la saisie de 700 kilos de cocaïne par les gardes côtes de la marine nationale. En effet, dans la matinée qui a précédé son limogeage, le directeur général de la sûreté nationale n’a pas hésité à faire des déclarations qui ont signé son arrêt de mort politique. Il a notamment dénoncé les « dépassements » qui auraient lieu durant l’enquête préliminaire, ce qui constitue une mise en cause directe des services de la gendarmerie nationale et de la sécurité de l’armée qui avaient diligenté l’enquête sur cette affaire.

Pire, tout en réaffirmant sa confiance dans la Justice algérienne, M. Hamel s’est permis d’ajouter que « celui qui veut lutter contre la corruption doit être lui-même propre ». Cette dernière phrase a pu être interprétée comme une accusation directe lancée contre l’entourage du chef de l’armée, le général de corps d’armée Ahmed Gaïd Salah. Selon certaines indiscrétions, les relations entre les deux hommes forts du régime n’étaient pas au beau fixe. Des proches de Abdelghani Hamel ont cherché à diminuer l’impact de ses déclarations en demandant à plusieurs chaînes de télévision de ne plus les répercuter mais c’était trop tard, les déclarations retentissantes ont été suivies durant la soirée de mardi du limogeage pur et simple de l’homme qui passait pour être un des membres les plus influents de la garde rapprochée du président Bouteflika au point où certains n’hésitaient pas à le présenter comme un probable successeur du président.

Reste à savoir si le limogeage de Abdelghani Hamel a été décidé par la présidence en vue de rassurer les chefs de l’armée ou si ces derniers qui ont exigé et obtenu la tête de celui qui les a ouvertement défiés. Une chose est sûre: Pour les observateurs, le limogeage de Abdelghani Hamel constitue un épisode important dans la lutte des clans dans la perspective de la présidentielle de 2019. Le clan présidentiel, appelé par certains le « clan de l’ouest », qui bénéficierait du soutien de la France, vient de perdre un de ses hommes forts. Son remplaçant, Mustapha Lahbiri, âgé et malade, aura du mal à s’imposer comme son prédécesseur.