Christopher Ross qualifie la décision de Tump sur le Sahara occidental d’ « insensée et dangereuse »

Les prises de position opposées à la proclamation du président Trump reconnaissant la « souveraineté marocaine » sur le territoire du Sahara occidental se multiplient aux Etats-Unis. La dernière en date émane de l’ancien émissaire de l’ONU pour le Sahara Occidental, Chistopher Ross. Ce dernier a qualifié dimanche la reconnaissance par Trump de la prétendue « marocanité » du Sahara Occidental de  » décision insensée et irréfléchie  » qui va à l’encontre du droit des peuples à l’autodétermination.  » Cette décision insensée, irréfléchie et dangereuse va à l’encontre de l’engagement des Etats-Unis à l’égard des principes de l’annexion de territoires par la force et du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, tous deux inscrits dans la Charte des Nations Unies, a-t-il écrit sur sa page Facebook.   » Il est vrai que nous avons ignoré ces principes en ce qui concerne Israël et d’autres, mais cela n’exonère pas de les ignorer au Sahara occidental et d’encourir des coûts importants en termes de stabilité et de sécurité régionales et de nos relations avec l’Algérie « , prévient Christopher Ross qui a servi de médiateur de l’ONU pour le Sahara Occidental entre 2009 et 2017. Ross, sollicité pour donner son avis sur l’annonce de Trump, réfute  » l’argument » avancé par certaines sphères à Washington, selon lequel un  » Etat indépendant au Sahara occidental serait un autre mini-Etat failli « . Cela  » est faux « , affirme l’ancien émissaire onusien.

Dans une autre déclaration, l’ancien ambassadeur américain  a estimé qu’il est « évident que la proclamation du président américain sortant reconnaissant une souveraineté qui n’appartient ni à lui ni au Maroc est insensée, irréfléchie et dangereuse ». Il explique que « cette décision ne change rien à l’approche de la communauté internationale sur le dossier du Sahara occidental et à la nécessité urgente d’appliquer les résolutions successives du Conseil de sécurité » relatives au dossier sahraoui avant d’ajouter : « On se demande tous pourquoi le président Trump a fait cette déclaration vu que depuis le début de son mandat il y avait de fortes voix qui lui disaient qu’il ne fallait pas changer la position des Etats-Unis ». Ross considère enfin que la décision de Trump « va compliquer l’arrivée à un accord et va contribuer à une tension dangereuse et croissante » qui « menace la paix et la sécurité » dans la région. M. Ross a appelé enfin l’administration du président élu Joe Biden, qui prendra ses fonctions le 20 janvier prochain, à « annuler » la décision de son prédécesseur ».

Ross a également réfuté la thèse de ceux qui ont mis en doute la capacité des Sahraouis à mettre en place un Etat dans les territoires du Sahara occidental. Il a réfuté « l’argument » avancé par certaines sphères à Washington, selon lequel un « Etat indépendant au Sahara occidental serait un autre mini-Etat failli ». »Le Front Polisario a démontré qu’il était capable de faire fonctionner un gouvernement de manière organisée », a indiqué le diplomate américain qui a rappelé, à ce propos, que le Sahara occidental est aussi vaste que la Grande Bretagne et qu’il possède des ressources importantes dont le phosphate, les ressources halieutiques, les métaux précieux en plus de son potentiel dans le domaine du tourisme. Face à l’argument selon lequel le Front Polisario serait incapable de défendre ce vaste territoire contre le terrorisme, l’ancien émissaire de l’ONU a expliqué qu’un soutien pourrait être assuré par d’autres pays en attendant que les forces armées sahraouies soient entièrement mises en place.