Constitution : La véritable bataille politique commencera après le référendum

Si pour le pouvoir algérien, le vote sur le projet de révision constitutionnelle semble décisif pour l’édification de ce qu’il appelle l’ « Algérie nouvelle », pour de nombreux observateurs, la véritable bataille politique commencera au lendemain du référendum du 1er novembre. En effet, pour ces observateurs, tout indique que le pouvoir est déterminé à faire passer coûte que coûte son projet dans la mesure où il semble faire dépendre les réformes politiques et économiques vitales pour l’Algérie nouvelle de l’adoption de la nouvelle Constitution. Pour cela et plus que sur la propagande de ses appareils médiatiques dont la crédibilité laisse à désirer, le pouvoir semble compter sur le légitimisme de l’Algérie profonde, des wilayas de l’intérieur, dont une partie ira dire oui à la nouvelle Constitution en croyant à tort ou à raison que cela contribuera à la stabilité de l’Algérie.

Cependant et malgré ce réservoir électoral, les observateurs ne s’attendent pas à un fort taux de participation en raison de la crise sanitaire qui sévit dans le pays mais aussi à cause des doutes qui assaillent les Algériens au sujet d’un projet constitutionnel qui a fait l’objet de vastes controverses publiques sur les réseaux sociaux. Le taux d’abstention sera sans doute très important dans les grandes villes et dans les wilayas du centre. Au vu de ce qui s’est passé à Tizi Ouzou la semaine dernière, quand des jeunes ont chassé sans ménagement le ministre de l’industrie, Ferhat Aït Ali, aux cris de « dégage! » et « Oulach L’vote ! », en Kabylie, on s’attend à une réédition du boycott massif du 12 décembre dernier.

Si on ajoute à tout cela la crainte que l’Administration soit tentée de fausser les résultats du référendum dans certaines wilayas de l’intérieur où la surveillance des urnes n’est pas aisée, on ne peut que relativiser l’enjeu du srcutin du 1er novembre. C’est ce qui fait dire à plusieurs observateurs que la bataille politique est loin de s’arrêter le 1er novembre. Au contraire, elle ne fera que commencer puisque les forces vives du pays seront appelées à relever les défis politiques, économiques et sociaux dont dépend réellement l’édification d’une Algérie nouvelle. En effet, les principes consacrées par la Constitution nécessitent d’être traduits en textes de lois et en projets concrets dans tous les secteurs de la vie économique, sociale et culturelle. La question de l’équilibre des pouvoirs et de la garantie des libertés publiques ne se pose pas dans l’abstrait mais en relation avec les questions dont dépend la qualité de vie des citoyens : l’emploi, le pouvoir d’achat, la protection sociale, les performances du système éducatif et du système de santé, la question de la transition énergétique et du développement durable, la question de l’équilibre régional, etc.

Mohamed Merabet