Constitution : le pouvoir joue sur la peur des Algériens pour faire passer son projet

Les Algériens s’apprêtent à voter ce dimanche 1er novembre pour ou contre le projet de révision constitutionnelle. A suivre les médias publics et privés, le pouvoir fait de l’adoption de cette nouvelle Constitution un enjeu majeur dans le cadre de l’édification de l’Algérie nouvelle promise par le président Tebboune au lendemain de son investiture à la tête de l’Etat algérien. Pourtant, le projet en question est loin de faire l’unanimité au sein de l’opinion publique algérienne malgré le matraquage médiatique quotidien comme l’illustrent les polémiques suscitées par ce projet sur les réseaux sociaux depuis plusieurs semaines. A cela s’ajoute la défiance de l’opposition dont une partie appelle au boycott pur et simple du référendum.

La crise sanitaire que traverse l’Algérie, à l’instar de nombreux pays dans le monde, ne rend pas les choses plus faciles à tel point que certaines voix se sont élevées pour mettre en cause l’organisation de ce référendum dans pareilles circonstances et pour appeler à son ajournement à une date plus propice. Cependant, la question qui se pose est qui peut prendre pareille décision en l’absence du président de la république dont l’état de santé a necessité son transfert dans un hôpital allemand. Les pouvoirs publics sont bien obligés dans ces conditions de mener le processus référendaire jusqu’au bout, en espérant que l’élan de sympathie provoqué par la maladie du président parmi un grand nombre d’Algériens et la peur qui s’est emparée d’une autre partie pousseront de nombreux Algériens à voter en faveur de la nouvelle Constitution.

La maladie du président Tebboune et les craintes suscitées quant à l’avenir de l’Algérie pourraient selon les observateurs pousser un certain nombre d’Algériens à effectuer un vote légitimiste en faveur de la stabilité politique et institutionnelle qui passerait selon eux par un vote en faveur de la nouvelle Constitution étant entendu qu’un rejet du projet risque de plonger l’Algérie dans une nouvelle crise politique propice à toutes les dérives et à toutes les ingérences. Dans ces conditions, le vote pour le projet de révisision constitutionnelle serait tout simplement un vote par défaut, en faveur de la paix et de la stabilité, qui laisse, bien entendu, en suspens toutes les autres questions politiques à l’ordre du jour dont dépend le changement démocratique souhaité par la jeunesse algérienne.

Mohamed Merabet