Des forces spéciales algériennes dans le sud libyen ?
L’insécurité qui règne en Libye menace directement la sécurité nationale en Algérie. Des armes et des terroristes s’infiltrent régulièrement sur le territoire algérien à partir de ce pays voisin. C’est un fait regrettable mais c’est un fait. Mais est-ce suffisant pour justifier une intervention des forces spéciales algériennes aux côtés des forces américaines et françaises en territoire libyen ? Récemment, le premier ministre Abdelmalek Sellal a rappelé que l’Algérie ne succombera pas aux pressions des puissances qui voudraient la voir intervenir en Libye.
Malgré ces déclarations, un journaliste algérien qui se présente « spécialiste » de questions de défense, Akram Khraief, vient de jeter un pavé dans la marre en prétendant que des forces spéciales algériennes seraient actuellement en opération dans le sud libyen. Le journaliste algérien le quotidien britannique The Times qui lui-même s’appuie sur les dires d’un think tank britannique, The Henry Jackson Society.
Dans un article publié par le quotidien El Watan, le journaliste en question affirme que « 3500 paras, soit un régiment complet, et un groupe de soutien et d’appui logistique de 1500 hommes sont déployés actuellement de l’autre côté de la frontière. Une autre source, diplomatique cette fois, ajoute aux 5000 soldats au sol une importante mobilisation de moyens aériens, avions de transport, chasseurs, bombardiers, hélicoptères de transport et d’attaque, appareils de reconnaissance et drones, qui opèrent dans le ciel libyen. Il s’agirait du même régiment parachutiste ayant pris en charge l’opération Scorpion Rapide, qui a pris d’assaut et libéré avec succès, en janvier 2013, le complexe gazier de Tiguentourine à In Amenas. Selon un haut gradé, la préparation de la mission et le regroupement des forces ont été réalisés la dernière semaine de mai. Privilégiant la flexibilité et la rapidité, les troupes envoyées sur place sont équipées d’armes légères et de véhicules 4×4 armés de mitrailleuses en 12.7 mm probablement appuyés par des blindés à roues BTR »
Info ou intox ? La présence de 5000 hommes des forces spéciales algériennes sur le sol libyen peut-elle passer aussi inaperçue ? Les médias des puissances qui voudraient mouiller l’Algérie en Libye – à commencer par la France- auraient-ils raté cette occasion et auraient-ils laissé la primeur au quotidien El Watan et à son soi-disant « spécialiste » ? En fait, les choses sont plus simples. Des éléments du service opérationnel de la DDSE (branche extérieure du DRS) sont vraisemblablement à pied d’œuvre en Libye comme en témoigne l’opération réussie d’exfiltration de l’ambassadeur algérien à Tripoli. C’est tout à fait normal vu la situation dans ce pays et c’est le contraire qui nous aurait étonnés. Le quotidien britannique fait référence à cette présence et à rien d’autre. Mais le journaliste algérien n’a pas pu s’empêcher de broder autour en citant une « source militaire » algérienne. Pour rappel, ce journaliste n’est pas à son premier « scoop ». Il y a un an, il lançait sur son blog une info qu’il disait tenir d’une « source militaire » suivant laquelle le ministère de la défense algérien allait lancer un MMRCA Tender ouvert à tous les avionneurs, y compris américains et européens, pour l’acquisition d’une centaine d’avions de chasse…
L’information lancée par le quotidien El Watan sur la présence de 5000 hommes de l’ANP en Libye perd toute crédibilité quand on lit la suite du « scoop » : « Selon une source militaire, toute cette opération a été «maladroitement camouflée» par l’état-major qui a organisé à la hâte un exercice interarmes aux confins du Sahara, le 28 mai passé, en bricolant même à une vitesse folle une émission de télévision où s’entremêlent des séquences d’archive à d’autres plus actuelles ». S’il est vrai que le reportage de la télévision algérienne mélangeait effectivement des images actuelles et des images d’archives, les manœuvres en question n’avaient rien à voir avec cette prétendue « guerre secrète » en Libye puisqu’elles avaient lieu sur le périmètre de la 3e Région Militaire (sud-ouest) et ont vu notamment l’engagement de la 40e Division d’Infanterie Mécanisée.