Des réseaux français derrière la campagne contre Chakib Khelil

Le retour de l’ancien ministre de l’énergie, Chakib Khelil, a été mal accueilli par la plupart des médias algériens et sur les réseaux sociaux. Ce retour a été interprété comme une sorte de blanchiment contre les graves accusations qui l’ont visé dans le scandale de Sonatrach. Le principal intéressé a beau déclarer qu’il est innocent et qu’il a été victime d’une cabale des anciens chefs de l’ex-DRS, rien ne semble calmer la campagne hystérique des médias algérois, des médias qui ne se soucient même pas de respecter leurs lecteurs et leurs auditeurs en leur expliquant par exemple comment se fait-il que Chakib Khelil n’a même pas été cité à titre de témoin par la Justice italienne qui a pourtant ouvert une instruction judiciaire sur l’affaire des pots-de-vin versés dans le cadre de contrats entre Saipem et Sontrach ?

L’explication, ou du moins une partie de l’explication, de la campagne des médias algérois contre Chakib Khelil a été dévoilée par le site français Mondafrique, réputé pour ses liens avec la communauté du renseignement français. Le site français n’hésite pas à écrire : « Le retour à Alger de l’âme damnée du président Bouteflika, Chakib Khelil, l’homme des Américains, inquiète les milieux d’affaires français » Commentant ses visites dans les zaouïas du pays, le site français écrit : « L’objectif du clan présidentiel est clair. Il faut racheter une virginité à Chakib Khelil, noirci par les enquêtes menées sur les scandales de corruption de Sonatrach. Histoire, imaginent certains, de transformer cet ancien proscrit en un possible dauphin. Le tout avec l’appui des Américains dont l’influence à Alger reste déterminante »

Comment le clan présidentiel peut-il compter sur un homme qui aurait été complètement discrédité par les accusations de corruption dont il a fait l’objet ? Le site français relativise ces accusations en rappelant quelques vérités oubliées par les médias algérois : « Ce qui est vrai, c’est que le général Mediene, dit Toufik, le tout puissant chef des services secrets algériens, le fameux DRS, qu’il a dirigé jusqu’en septembre 2015, a tout orchestré pour faire tomber un Khelil perçu comme un des principaux piliers du clan présidentiel. Il fallait, pour les hommes des services secrets, éliminer le maître de la stratégie énergétique d’Abdelaziz Bouteflika et salir celui dont le chef de l’Etat comptait faire, après sa réélection en 2009 pour un troisième mandat, son Premier ministre. »  Visiblement, l’ex-DRS a réussi pendant un certain temps puisque Chakib Khelil a perdu son poste et a été obligé de s’exiler durant presque trois années aux Etats-Unis. Mais entre-temps, le vent a tourné. Les anciens chefs de l’ex-DRS sont tombés et Chakib Khelil est revenu.

Ce scénario ne plaît visiblement pas trop aux réseaux français qui n’ont pas désespéré de récupérer leur chasse-gardée algérienne. Le site français révèle : « Les réseaux d’affaires français sont à l’avant garde des cercles hostiles à une réintégration politique de Chakib Khelil. Et pour cause, l’ancien ministre de l’énergie a toujours voulu que son ami Bouteflika se rapproche des Etats-Unis au détriment de la France. C’est Chakib Khelil qui a convaincu le groupe pétrolier « Halliburton » de miser sur l’Algérie. Chakib Khelil encore qui a voulu booster les exportations du pétrole et gaz algérien vers le marché américain. D’où l’inquiétude des réseaux français. Qu’ils soient agents agréés d’entreprises installées en Algérie, actionnaires de filiales françaises, membres actifs des missions d’affaires, amis des diplomates français, ces réseaux participent activement ces jours-ci à Alger à une large campagne qui tente d’empêcher Chakib Khelil de retrouver une fonction officielle ».