Kacimi : le trafic des migrants au sud de l’Algérie est devenue un facteur de déstabilisation politique

10.04.2024. La nouvelle tension diplomatique entre l’Algérie et son voisin nigérien à l’occasion de l’opération de rapatriement de plusieurs milliers de ressortissants nigériens en situation irrégulière a permis de jeter la lumière sur une question capitale, à savoir la menace que constitue désormais la question des flux migratoires en provenance d’Afrique subsaharienne sur la sécurité nationale. C’est ce que vient de rappeler l’expert algérien Hassan Kacimi.

Depuis que le régime militaire qui a renversé le président Mohamed Bazoumla a abrogé la loi de 2015 criminalisant le trafic de migrants, Agadez dans le nord du Niger est redevenue une plaque tournante du trafic de migrants vers l’Algérie, la Libye et la Tunisie, et par conséquent vers l’Europe, ce qui explique que les flux de migrants transitant par le Niger ont sensiblement augmenté ces derniers mois. Selon les chiffres de l’Organisation internationale des migrations cités par le quotidien français Le Monde, les flux ont augmenté de 34 % vers l’Algérie. Dans ce contexte, Hassan Kacimi, ancien directeur des migrations au ministère de l’Intérieur, a averti contre la menace migratoire en provenance du Niger. L’expert en questions migratoires a indiqué dans un post publié jeudi a souligné que dans le cadre de la mise en œuvre de la convention internationale de Palerme de 2000, l’Algérie a promulgué la loi n°23/04 relative à la prévention et à la lutte contre la traite des personnes. Et de souligner que le Niger a annulé sa loi contre le trafic de migrants en violation de la convention de Palerme et de ses deux protocoles additionnels de lutte contre le trafic de migrants et de la traite des personnes.

L’expert algérien dénonce aussi le fait que le Niger « organise deux fois par semaine, à partir d’Agadez, moyennant le paiement d’une taxe d’escorte des migrants, avec le concours des réseaux de passeurs, l’acheminement des migrants des pays du Sahel et de la CEDEAO, vers l’Algérie, la Libye, la Tunisie et donc l’Europe ». Plus grave encore, Hassan Kacimi affirme que les barons du trafic de migrants et de traite des personnes ont été libérés par les nouvelles autorités Nigériennes de transition dans le cadre de l’abrogation de la loi sur le trafic des migrants et et ils ont donc été « encouragés à reprendre du service ». Il souligne également l’enjeu financier qui sous-tend l’attitude des autorités nigériennes. Il indique ainsi que « les revenus des réseaux de trafic de migrants et de traite des personnes en Afrique dépassent le milliard de dollars par an ». Un enjeu, explique-t-il qui motive aussi « l’alliance tactique, entre les groupes armés, les groupes terroristes, les réseaux du trafic des armes, de la drogue, des orpailleurs et des trafiquants de psychotropes ».

Contre les allégations mensongères du régime militaire nigérien relayés par des médias français et marocains, Hassan Kacimi rappelle, à juste titre, que « refouler un migrant en situation illégale est une pratique légale, en usage, quand un migrant traverse les frontières d’un pays, de manière illégale ». Il recommande dans ce sens « de renforcer nos dispositifs de lutte contre l’immigration illégale au niveau de nos frontières avec Mali et le Niger, pour éviter le pire et réduire les opérations de rapatriement qui sont très coûteuses ». Il interpelle aussi les autorités Nigériennes « pour rapatrier les milliers d’enfants Nigériens transférés par la force en Algérie pour la pratique de la mendicité, et qui sont exploités par des réseaux criminels Nigériens de traite des personnes ». Bien entendu, la surveillance des frontières en vue de contenir le flux migratoire ne peut se faire sans la coopération des pays voisins concernés et si ces derniers font la sourde oreille, l’Algérie devrait les dénoncer dans les enceintes régionales et internationales. Sans oublier le devoir de solidarité et de coopération au développement auquel l’Algérie n’ a jamais tourné le dos mais qui doit être réactivé et remodelé en fonction de la nouvelle donne régionale.(Algérie solidaire)