Ksentini critique la censure des officiers à la retraite
La loi relative au devoir de réserve imposé aux officiers à la retraite continue de susciter des réactions mitigées. Dans un entretien au quotidien El Khabar, le président de la Commission nationale consultative pour la protection et la promotion des droits de l’Homme (CNCPPDH), Me Farouk Ksentini, a affirmé que ce projet est contraire à l’esprit et à la lettre de la Constitution. En effet, pour Me Ksentini, les officiers retraités sont des citoyens comme les autres et à ce titre ils ont le droit à la liberté d’expression de leurs opinions. Me Ksentini a estimé qu’il appartient aux officiers retraités de respecter la loi dans leurs déclarations et de s’abstenir de divulguer des informations qui pourraient nuire à la sécurité nationale. Mais cela ne peut justifier le fait qu’ils soient à l’avance censurés.
Pour rappel, le projet de loi relatif au devoir de réserve a été adopté par l’APN et on s’attend à ce qu’il soit adopté par le Sénat. Me Ksentini a rappelé qu’il respectera la loi dès lors qu’elle a été adoptée par le Parlement mais il continuera à donner son point de vue en espérant que le président de la république puisse se raviser et proposer une révision de cette loi. Dans le même registre, Me Ksentini est revenu sur les abus de la Justice algérienne concernant la détention provisoire. A cet effet, il a tenu à affirmer que ces abus ne concernant pas seulement les journalistes emprisonnés récemment ni le général à la retraite Hocine Benhadid (qui vient d’être libéré) mais concernent un nombre important de citoyens dont le cas ne nécessite pas la mise en détention durant l’instruction judiciaire.
A une question sur l’absence d’indépendance du pouvoir judiciaire en Algérie et ses effets directs sur le dysfonctionnement de la Justice, Me Ksentini a relativisé ce facteur en affirmant que si dans certains cas –peu nombreux- l’abus de la détention préventive peut laisser penser à une intervention politique, dans de nombreux autres cas concernant de simples citoyens, les abus des juges ne peuvent s’expliquer par l’intervention du ministre de la Justice mais plutôt par une culture politique qu’il convient de dépasser.