La France et l’Espagne appellent à la reprise des négociations au Sahara occidental

L’Espagne a appelé « reprendre le processus de négociation » au Sahara occidental après le lancement d’une agression militaire par le Maroc vendredi contre des civils sahraouis à El-Guerguerat en violation flagrante de l’accord de cessez-le-feu signé en 1991 par les deux parties (Maroc et Front Polisario), sous l’égide de l’ONU. « Le gouvernement espagnol soutient les efforts du Secrétaire général des Nations unies pour garantir le respect du cessez-le-feu au Sahara occidental », a indiqué le ministère espagnol des Affaires étrangères dans un communiqué publié vendredi soir. « Ces derniers jours, l’Espagne a fait des démarches en ce sens, en appelant à la responsabilité et à la retenue », a-t-il encore indiqué.

De son côté,  le gouvernement français, dont le soutien au Maroc constitue un des facteurs essentiels de l’ajournement du référendum d’autodétermination prévu par les Nations Unies, a affirmé « tout faire pour éviter l’escalade » au Sahara occidental à la suite de cette agression militaire marocaine à El-Guerguerat contre des manifestants civils sahraouis, soulignant l’urgence de la nomination d’un nouvel Envoyé onusien. « La France appelle aujourd’hui à tout faire pour éviter l’escalade et à revenir au plus vite à une solution politique », a déclaré le ministère français des Affaires étrangères à l’AFP, soulignant que « ces événements démontrent l’importance d’une relance rapide du processus politique, qui passe notamment par la nomination dans les meilleurs délais d’un nouvel Envoyé personnel du Secrétaire général des Nations unies ».

Les positions exprimées par ces deux pays, qui partagent avec le Maroc la responsabilité de la persistance de ce conflit depuis quarante-cinq ans, permettent-elles d’espérer que l’escalade militaire de ces deux derniers jours à El Guerguerat va enfin les pousser à plus de réalisme? Si pour certains observateurs, les répercussions graves que pourrait avoir un nouveau conflit militaire sur la stabilité de la région ne peuvent laisser indifférents ces deux pays qui ont des intérêts stratégiques à défendre. Pour d’autres, il en faudra plus pour amener Paris et Madrid à abandonner leur allié marocain. Tout dépendra de la détermination du Front Polisario à aller jusqu’au bout de sa volonté de faire triompher le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et de la disposition de ses alliés algériens à honorer leurs engagements par un soutien diplomatique et militaire qui soit à la hauteur des défis lancés par le Maroc et ses alliés.

Mohamed Merabet