La mafia politico-financière a pompé 44 milliards de dollars entre 2010 et 2016
Le chiffre peut paraître ahurissant. Une source bancaire citée par le quotidien AlJazaïr Alyoum vient de révéler que les banques publiques s’avèrent impuissantes à récupérer les crédits alloués à de soi-disant « investisseurs » algériens durant la période 2010-2016. La valeur de ces crédits avoisine les 44 milliards de dollars, ce qui fait environ 6 milliards de dollars par an. Récemment, les banques publiques auraient contacté les bénéficiaires de ces crédits pour se faire rembourser les intérêts estimés à 5% par an mais en vain. Les bénéficiaires seraient aux abonnés absents.
Si l’information peut choquer l’observateur non averti, en revanche, elle a n’a pas étonné outre-mesure les experts bien au fait du fonctionnement de l’économie algérienne. Pour rappel, l’Etat algérien a consacré quelques 800 milliards de dollars aux investissements économiques et sociaux (tous secteurs confondus) durant les 15 dernières années, ce qui nous donne environ 60 milliards de dollars par an. Le volume des crédits alloués à des investisseurs privés indélicats, soit 6 milliards de dollars par an, représente environ 10% du volume global des investissements de l’Etat algérien, ce qui constitue un chiffre très réaliste pour les experts économiques.
Ces derniers soulèvent un autre problème de taille. Le non remboursement des crédits alloués par les banques publiques n’est pas la seule perte enregistrée par l’économie nationale. Les banques publiques ne trouvent aucune trace économique visible de ces crédits en termes de création de richesse. Une partie de ces crédits est partie à l’étranger via la surfacturation des importations d’intrants et de services et une autre partie a servi de moyen de spéculation financière. En effet, des opérateurs économiques n’hésitent pas à échanger une partie des devises accordées par les banques publiques sur le marché parallèle des devises (au square Port Saïd) pour doubler facilement la mise de départ sans avoir à se fatiguer. Pour les observateurs, ces pratiques mafieuses n’auraient jamais été possibles sans la complicité avérée de puissants protecteurs au sommet de l’Etat.