La Russie construira une méga-centrale nucléaire de 4 800 MW en Egypte

Le président russe Vladimir Poutine a signé un accord de 30 milliards de dollars avec son homologue égyptien pour construire la première centrale nucléaire en Egypte. Le contrat équivaut à presque 10% de la richesse produite par l’Egypte chaque année. La Russie et l’Egypte ont signé auparavant un accord pour un prêt de 25 milliards de dollars (soit 85% du coût du projet). Avec ce prêt, l’entreprise publique russe spécialisée dans le nucléaire devrait s’occuper de la construction de la centrale égyptienne. Le projet, mené par le groupe public russe Rosatom, comprend la construction de la centrale, la livraison du combustible nucléaire, la formation des travailleurs ainsi que la maintenance et la réparation des unités de production. Composée de quatre réacteurs, cette centrale devrait voir le jour à El-Dabaa, dans le nord-est de l’Égypte, et disposer d’une capacité de 4 800 mégawatts. Sa construction devrait être achevée en 2022, tandis que l’entrée en production du premier réacteur est attendue à partir de 2024.

Le prêt de la Russie couvre 85 % du coût total du projet, les 15 % restants étant financés par l’Égypte. Le financement russe a été accordé à des conditions particulières avantageuses. Il porte un taux d’intérêt annuel de seulement 3 % et sera déboursé de 2016 à 2028. Le remboursement se fera à partir de mi-octobre 2029, en 43 versements sur une période de 22 ans, rapporte l’agence Reuters, qui cite le journal officiel égyptien. Le soutien de Moscou vient à point nommé pour l’Égypte, à qui il permet de réaliser ses ambitions nucléaires vieilles déjà de plusieurs décennies. L’entrée en fonction de cette centrale devrait aussi considérablement renforcer les capacités électriques du pays, estimées à 31 450 mégawatts en 2015 et constamment mises sous pression à la fois par une demande en progression mais aussi par des défaillances des installations et de l’approvisionnement en gaz naturel, qui assure 70 % de la production.

Avec ce projet égyptien, la Russie envoie également un signal indubitable à un autre géant du continent : l’Afrique du Sud. Ce pays, qui héberge la seule centrale nucléaire du continent, souhaite acquérir six à huit nouveaux réacteurs nucléaires d’une capacité totale de 9 600 mégawatts. Un vaste programme d’expansion convoité par de nombreux énergéticiens à travers le monde, non seulement Rosatom, mais également les français Areva et EDF, le japonais Westinghouse Electric Corporation, China Guangdong Nuclear Power Holding Corp et le sud-coréen Korea Electric Power Corporation. En Egypte, les réactions sont mitigées et le projet de la centrale nucléaire suscite beaucoup de questions. Certains se demandent pourquoi ne pas investir dans le solaire ? D’autres sur les réseaux sociaux s’inquiètent de cette technologie dangereuse.  D’autant plus que l’Egypte ne dispose pas d’une expertise avérée dans le nucléaire et la gestion des déchets radioactifs. Une autre question est celle du lieu où seront enfuis les déchets nucléaires issus de l’exploitation de la centrale.