La Russie échoue à faire condamner les frappes occidentales à l’ONU

Le Conseil de sécurité de l’ONU s’est réuni en urgence, samedi, à la demande de la Russie, mais Moscou a échoué à faire condamner les frappes occidentales en Syrie lors du vote d’un projet de résolution. Le texte russe entendait « condamner l’agression commise contre la République arabe syrienne par les Etats-Unis et leurs alliés en violation du droit international et de la Charte des Nations unies ». Pour être adopté, il aurait dû recueillir neuf voix en sa faveur et il aurait fallu qu’aucun membre permanent du Conseil de sécurité n’y oppose son veto. Seules la Russie, la Chine et la Bolivie ont voté en faveur du texte. Huit pays, dont les trois puissances occidentales engagées dans les frappes, s’y sont opposés et quatre autres se sont abstenus. « Pourquoi n’avez-vous pas attendu le résultat de l’enquête que vous avez réclamée ? », a lancé à l’issue du vote l’ambassadeur russe auprès des Nations unies, Vassili Nebenzia, en allusion à la mission des inspecteurs de l’OIAC. Les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne, a-t-il accusé, ont « démontré un mépris flagrant pour le droit international ».

 « L’action de la France s’inscrit en pleine conformité avec les objectifs et les valeurs de la Charte des Nations unies », a répliqué son homologue français, François Delattre, rappelant que « la France n’a strictement aucun doute sur la responsabilité du régime d’Assad dans cette attaque » commise le 7 avril dernier à Douma, dans la Ghouta orientale. Dénonçant « l’usage systématique de son droit de veto au Conseil de sécurité », il a accusé la Russie d’avoir « trahi l’engagement qu’elle avait pris en 2013 devant ce Conseil de garantir de la destruction de l’arsenal chimique syrien ». A l’été 2013, à la suite d’une précédente attaque chimique imputée au régime syrien dans la Ghouta orientale, et alors que Paris, Londres et Washington envisageaient déjà de riposter – avant d’y renoncer–, Moscou avait négocié avec les Etats-Unis un accord pour que les stocks d’armes chimiques de la Syrie soient détruits ou placés sous contrôle international.

 « Au moment où il a ordonné l’attaque chimique du 7 avril, le régime syrien savait parfaitement à quoi il s’exposait. Il a, une nouvelle fois, voulu tester le seuil de tolérance de la communauté internationale, et il l’a rencontré », a poursuivi l’ambassadeur de France. « J’ai parlé au président [Trump] ce matin, il a dit que si le régime syrien continue d’utiliser ce gaz toxique, les Etats-Unis sont prêts à dégainer de nouveau », a pour sa part menacé l’ambassadrice des Etats-Unis Nikki Haley devant le Conseil de sécurité. Elle a réaffirmé que les Etats-Unis étaient dans leur droit pour mener des attaques aériennes en Syrie. En début de réunion, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, avait appelé les membres du Conseil de sécurité à « agir en accord avec la Charte des Nations unies et dans le cadre du droit international » lorsqu’il est question de « paix et sécurité ».