La « société civile » : nouveau mot de passe des forces antidémocratiques

Lors d’une rencontre de consultation sur le rôle de la « société civile », organisée à l’Université Kasdi Merbah de Ouargla le conseiller du Président de la République, chargé du mouvement associatif et de la communauté nationale à l’étranger, Nazih Berramdane, a affirmé que « Le Président de la République attache une grande importance au rôle attendu des acteurs de la société civile, que ce soit les associations locales, les organisations nationales, les syndicats professionnels et estudiantins et autres, dans la construction de l’Algérie nouvelle ». Il a évoqué, comme « indices concrets, et non démagogiques, de cette importance accordée à la société civile », les larges facilités offertes, aux niveaux central et local, par le ministère de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire, notamment pour l’agrément des associations. A cet effet, plus de 1.700 salles à travers le pays à même d’être mises à la disposition des associations pour la tenue de leurs rencontres constitutives. La durée d’étude par les instances concernées des demandes de constitution d’associations a été réduite à dix (10) jours, a-t-il assuré lors de cette rencontre qui entre dans le cadre d’une série de rencontres du type à travers le pays.

Nazih Berramdane a mis en exergue, en outre, la volonté politique affichée par le Président de la République de promouvoir le rôle de la société civile et le raffermissement de ses liens avec les institutions de l’Etat, dans le cadre de la « démocratie participative » au service de l’intérêt général du pays et l’amélioration du cadre de vie du citoyen. La rencontre a été l’occasion aussi pour les représentants de la « société civile » locale de soulever une série de préoccupations et de suggestions qui seront examinées et cristallisées, dans le cadre d’une stratégie nationale d’encadrement de la société civile afin de contribuer à la construction de l’Algérie nouvelle. Parmi ces suggestions, la mise sur pied d’une fédération de wilaya de la société civile pour servir de trait d’union entre les associations, la modification du statut des associations de sorte à promouvoir leurs actions, en plus du bénéfice du soutien financier d’institutions économiques.

De nombreux militants engagés sur le terrain pour un changement démocratique véritable, qui garantisse notamment de élections libres lors des prochains rendez-vous électoraux pour que les institutions de l’Etat algérien puissent refléter fidèlement la volonté populaire, restent dubitatifs en ce qui concerne cet intérêt soudain du pouvoir pour la « société civile ». De nombreux internautes se demandent si ce mot d’ordre de « société civile » ne cache pas tout simplement la volonté du pouvoir de quadriller la population pour l’empêcher de s’exprimer librement et surtout pour empêcher le développement des nouveaux mouvements politiques qui se proclament « novembristes » et qui sont apparus à l’occasion du Hirak populaire du 22 février. Ces inquiétudes rejoignent les analyses des observateurs qui estiment que la « société civile » constitue le nouveau mot de passe des forces antidémocratiques au sein de l’ « Etat profond », alliées à l’occasion à la mafia politico-financière et aux courants idéologiques minoritaires, qui continuent de résister à l’aspiration populaire au changement démocratique.

Mustapha Senhadji