La stratégie perdante de la défense du général Hassan
A l’issue du procès qui s’est terminé par la condamnation du général à la retraite Abdelakader Aït Ouarab dit Hassan à 5 ans de prison, l’un de ses avocats, Me Bourayou, a déclaré : « ce qui est plus grave, c’est qu’on ne lui a pas accordé de circonstances atténuantes.» Mais ce que cet avocat a oublié de dire c’est que lui et les autres avocats du général n’ont aucun moment plaidé les circonstances atténuantes pour défendre leur client. Ils se sont au contraire enfermés dans une « stratégie de rupture » qui consiste à politiser le procès et à refuser de répondre aux accusations adressées à leur client. Le général Hassan n’est qu’une « victime collatérale de la féroce guerre des clans qui se livre à un haut niveau de la sphère politique », ont estimé ses avocats à la veille du procès de l’ancien chef de la lutte antiterroriste qui devrait se tenir demain, jeudi, au tribunal militaire d’Oran. « S’il est condamné, quel signal l’Algérie va-t-elle envoyer à tous ceux qui, en Algerie et dans le monde, livrent une bataille acharnée contre le terrorisme interne et transnational qui a redoublé de férocité ces dernières années ? », se demandent Me. Khaled Bourayou et Me. Ahmed Toufali Tayeb. « Personne ne comprendra que l’Algérie, citée aujourd’hui en exemple dans la lutte contre le terrorisme, en arrive à condamner injustement un des héros du combat contre la barbarie » ont-ils asséné à leurs interlocuteurs.
Au lieu de démentir preuves à l’appui les accusations dirigées contre leur client, ces avocats ont servi un discours politique des plus démagogiques : L’Algérie qui reste confrontée à la menace terroriste « a plus que jamais besoin de ses courageux fils : soldats, officiers et citoyens qui font le choix de combattre le terrorisme », selon eux.« Notre Patrie ne peut se passer d’un exemple aussi retentissant de l’antiterrorisme tel que le général Hassan qui a incarné durant des dizaines d’années l’efficacité du renseignement au service des intérêts de la sécurité et de la défense du pays », estiment les deux avocats qui préviennent contre les conséquences de sa condamnation. « S’il est condamné, alors qu’il n’a rien à voir avec les charges qui sont retenues contre lui, une page sera tournée en Algérie : celle d’un pays de résistance et d’héroïsme au profit d’un État dévitalisé dressant le tapis rouge devant les émirs assassins d’hier, revenus sur la scène politique pour glorifier leurs crimes en toute impunité », affirment-ils en faisant allusion à Madani Mezrag.
Outre qu’elle n’a pas permis de défendre efficacement leur client, la stratégie de la défense du général Hassan est dangereuse à plusieurs titres estiment les observateurs interrogés à l’issue du procès. D’une part, cette stratégie politique pouvait se retourner gravement contre leur client dans la mesure où le fait d’invoquer les « états de service » du général à la retraite dans la lutte antiterroriste ne peut laisser passer sous silence le revers de la médaille, à savoir les « dépassements » qui ont été enregistrés dans cette lutte antiterroriste. La loi sur la réconciliation nationale ne protège pas seulement d’anciens terroristes repentis mais aussi des officiers (à la retraite et en activité) qui pourraient être accusés de dépassements graves. D’autre part, en politisant un procès qui aurait du rester un procès de droit commun, les avocats du général Hassan participent volontairement ou involontairement à l’entreprise de déstabilisation des institutions de l’Etat algérien et facilitent ainsi la tâche aux groupes terroristes qu’ils prétendent combattre.