La Turquie qui entretient des relations stratégiques avec Israël décide de rompre avec les Emirats

Si la réaction iranienne contre l’accord émirati-israélien n’a pas étonné personne,  la position diplomatique de la Turquie d’Erdogan a laissé perplexes les observateurs. « Les Emirats arabes unis s’efforcent de présenter cela comme une sorte de sacrifice pour la Palestine, alors qu’ils trahissent la cause palestinienne pour servir leurs petits intérêts », a réagi le ministère turc des Affaires étrangères, ajoutant que « l’Histoire et la conscience des peuples de la région n’oublieront pas cette hypocrisie et ne la pardonneront jamais ». Le président turc, Rajeb Tayeb Erdogan, est allé plus loin puisqu’il a indiqué vendredi avoir « instruit le ministre des Affaire étrangères quant à la suspension de toute relation avec les Emirats arabes Unis« . La réaction du président turc aurait été exemplaire dans d’autres circonstances diplomatiques.

En effet, les observateurs s’étonnent de la réaction turque qu’ils trouvent plus hypocrite que celle des Emirats. C’est un secret de polichinelle que la Turquie entretient des relations stratégiques, sécuritaires et militaires avec l’Etat d’Israël sans commune mesure avec celles qu’entretient l’Egypte ou la Jordanie qui ont signé un traité de paix avec l’Etat d’Israël. Même au plus fort des crises qui ont émaillé les relations ente les deux pays comme au lendemain de l’agression israélienne contre la flottille de la paix turque, Ankara s’st bien gardé de rompre les relations avec l’Etat d’Israël.

Les partisans d’Erdogan justifient généralement le fait que la Turquie soit restée membre de l’Otan et le fait qu’elle ait sauvegardé ses relations avec l’Etat d’Israël par le souci de défendre ses intérêts stratégiques. Les partisans de cette position n’hésitent pas à avancer l’argument selon lequel c’est en gardant des relations avec Israël que la Turquie peut faire pression sur lui dans la défense des intérêts palestiniens. Les observateurs notent aujourd’hui que la Turquie reproche aux Emirats exactement ce qu’elle fait avec l’Etat d’Israël. Les arguments invoqués par les Emirats et la Turquie sont les mêmes. C’est ce qui fait dire aux observateurs que la réaction turque contre l’accord émirati-israélien ne relève pas d’une position de principe mais renvoie aux différends d’ordre géopolitique qui oppose la Turquie et son allié qatari (qui entretient également des relations avec les Israéliens depuis 1996) aux autres Etats du Golfe.

A. Benayad