L’adoption du projet de révision constitutionnelle entachée par le boycott de l’opposition

Les deux chambres du parlement algérien ont adopté le projet de loi relatif à la révision de la Constitution présenté par le gouvernement. L’adoption du texte n’a pas constitué une surprise pour les observateurs. Les partis majoritaires au sein du parlement avec à leur tête le FLN et le RND continuent de jouer leur rôle de supplétifs du pouvoir comme si rien n’a changé depuis le déclenchement du hirak du 22 février 2019 et le départ du président Bouteflika qui avait suivi. Les nouvelles directions mises à la tête de ces deux partis par l’Administration comme au bon vieux temps ont continué de fonctionner comme leurs prédécesseurs. Les députés de la majorité qui traînent derrière eux des casseroles d’une corruption avérée ne pouvaient que dire oui au projet de révision présenté par le gouvernement.

Cependant le processus d’adoption du texte de loi relatif à la révision de la Constitution n’a pas été un parcours sans fautes. Les partis d’opposition des deux bords ont boycotté la séance du vote. Le consensus tant recherché par le pouvoir n’a pas été atteint. En effet, les deux principaux partis islamistes (le MSP et le FJD) et les deux partis d’opposition laïcs implantés essentiellement en Kabylie (FFS et RCD) ont décidé de boycotté la séance d’adoption du texte de loi. Le processus d’édification de l’ « Algérie nouvelle » ambitionné par le pouvoir risque de connaître quelques difficultés si d’ores et déjà il ne peut pas compter sur la coopération des partis d’opposition.

Il reste maintenant au pouvoir à relever le défi du référendum populaire du 1er novembre prochain. Le pouvoir réussira-t-il à convaincre la majorité des Algériens à se diriger vers les urnes et à adopter le projet de révision constitutionnelle ? De nombreux observateurs s’attendent à un taux d’abstention élevé qui viendra rappeler celui que l’Algérie a connu lors des dernières élections présidentielles. Pour les observateurs, la situation politique à laquelle se trouve confrontée l’Algérie n’est pas si nouvelle. Même si le taux de participation au référendum ne dépassera pas les 50%, cela n’empêchera pas le pouvoir d’aller vers la mise en oeuvre de ses réformes politiques et économiques à commencer par l’organisation d’élections législatives anticipées avant la fin de l’année. Outre l’élection d’un parlement doté d’une véritable légitimité populaire, dans sa grande majorité, la population algérienne attend du pouvoir qu’il réponde concrètement à ses demandes sociales. Tel sera le véritable enjeu de l’après-référendum.

Mustapha Senhadji