Lakhdar Brahimi craint un scénario à la somalienne en Syrie

L’ancien émissaire des Nations unies et de la Ligue arabe pour la Syrie, Lakhdar Brahimi, a exclu dimanche à Alger, une partition de la Syrie. Il a appelé, à cette occasion, à la conjugaison des efforts internationaux et à l’association de toutes les parties régionales afin de trouver une solution à la crise syrienne. La Syrie n’est pas menacée par une partition comme aiment à le prétendre certains et malgré la tentative des Kurdes visant à établir une entité indépendante comme en Irak. Elle est plutôt menacée par un effondrement de l’Etat et une prise de pouvoir par ce qu’on appelle « Les Emirs de la guerre », a indiqué M. Brahimi lors d’une conférence au siège du Conseil de la Nation intitulée « Révolutions arabes: réalité, mythe ou complot? »  . Il a précisé qu’entre autres facteurs qui se dresseront devant une division de la Syrie, figure la diversité qui reste une caractéristique de la société syrienne pour en faire une « mosaïque composée de sunnites, de chiites, de chrétiens et de druzes », relevant que « les chrétiens, eux même, sont divisés en plusieurs groupes ».

Il a cependant, déploré l' »incapacité des frères syriens de régler leur crise », estimant que « les parties qui doivent leur apporter aide et soutien sont les pays de la région qui est, elle, divisée et incapable, à son tour, d’aider les Syriens à résoudre leur crise justifiant ainsi un recours à une autre sphère, en l’occurrence la sphère internationale qui compte les Etats-Unis et la Russie ». D’autre part, le diplomate algérien s’est attardé sur le rapprochement américano-russe constaté récemment et qui augure d’un « début de règlement », écartant dans le même temps, l’existence d’un plan visant à établir un nouveau Sykes Picot. Il expliquera ce rapprochement entre ces deux pays par la grande affluence des réfugiés syriens vers l’Europe suscitant un « réveil général » et plus précisément aux Etats-Unis et en Russie. Désormais, ils réalisent que la menace ne pesait pas uniquement sur le peuple syrien, aujourd’hui brisé et divisé, mais sur tout le monde occidental, a-t-il fait remarquer.

L’ancien diplomate a insisté à ce propos, sur les appréhensions de Moscou à ce sujet d’où, ses démarches aux cotés de Washington, pour trouver un règlement rapide à la crise syrienne, arguant que l’échec des deux parties à conclure un « accord global »  sur la crise était principalement dû au fait que le pays de la région et d’autres européens n’étaient toujours pas disposés à aider le peuple syrien à surmonter sa crise. L’ancien ministre des Affaires étrangères a estimé en outre, nécessaire de « prendre en compte l’intérêt du peuple syrien quant au règlement de la crise », rappelant que « certaines parties évoquaient d’ores et déjà leurs propres intérêts dans la région ». « Si l’on replaçait l’intérêt du peuple syrien au centre des priorités, le règlement serait plus aisé et quand cela se réalisera, se réaliseront alors les intérêts des autres peuples », a-t-il poursuivi. Concernant le rôle de la Ligue arabe dans le règlement de la crise syrienne, il a affirmé que « celle-ci avait tenté d’intervenir dans un premier temps et des prémices de succès pointaient à l’horizon mais les démarches se sont vite évanouies car ayant pris une toute autre tournure non constructive » (APS)