Ramtane Lamamra en mission à Moscou contre Gaïd Salah ?

Pour la plupart des observateurs qui suivent de près la crise algérienne, Ramtane Lamamra constitue une pièce maîtresse dans l’échiquier politique du clan Bouteflika. En effet, M. Lamamra a été chargé de « vendre » aux capitales étrangères la « feuille de route » du pouvoir, une « feuille de route » qui n’a qu’un seul objectif : permettre au pouvoir de succéder à lui-même dans le cadre d’une transition sous contrôle. M. Lamamra a été choisi pour cette « sale besogne » en raison des liens qu’il a noués avec plusieurs capitales étrangères du temps où il a été ambassadeur puis secrétaire général du Ministère des affaires étrangères. Réputé proche des Américains et des Français, M. Lamamra a intrigué les observateurs par son dernier déplacement à Moscou. L’objectif déclaré de la mission diplomatique de M. Lamamra était d’utiliser ses bonnes relations avec le ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, pour essayer de convaincre Moscou de soutenir la « feuille de route » du président Bouteflika.

Visiblement, M. Lamamra a atteint son objectif si on se fie à la déclaration de M. Lavrov qui a indiqué, à l’issue de ses discussions avec M. Lamamra, que la Russie soutenait la « feuille de route » du président Bouteflika et qu’elle s’opposait à toute « ingérence étrangère » en Algérie. Mais selon Maghreb Intelligence, un site proche des services français, la mission de M. Lamamra à Moscou avait un autre objectif secret : « Ce serait donc pour « neutraliser » l’armée et le général Ahmed Gaïd Salah que Ramtane Lamamra serait parti en mission à Moscou, Rome et Pékin. « Le parapluie international que quémande Abdelaziz Bouteflika, c’est plus pour contrer l’armée que le peuple », souligne un habitué du sérail qui avoue que Gaïd Salah accentue la pression sur l’entourage du président pour que celui-ci renonce à tout rôle politique après le 28 avril.  »

Bien entendu, l’information est à prendre au conditionnel. Mais une chose est sûre. Les capitales occidentales se méfient de l’armée algérienne en raison de ses positions souverainistes, notamment dans les dossiers relatifs à la sécurité régionale. Mais il restait au clan Bouteflika de convaincre Moscou de s’abstenir de tout soutien à l’ANP. Pour cela,  le clan Bouteflika savait que les « qualités » diplomatiques supposées de M. Lamamra n’étaient pas suffisantes. C’est pourquoi il aurait appelé au secours son parrain français. En effet, M. Lamamra aurait eu une entrevue secrète avec le ministre russe des affaires étrangères en présence de l’ambassadeur français à Moscou. Mais pour les observateurs, le commandement de l’armée algérienne n’a pas encore dit son dernier mot surtout s’il sait mettre à profit la sympathie manifestée jusqu’à ce jour par le peuple à l’égard de l’ANP.

Mohamed Merabet