Lamamra invite l’Europe à respecter les spécificités des pays voisins

L’Algérie recommande une Politique européenne de voisinage (PEV) découlant d’une approche globale et prenant en compte les spécificités de chacun des pays de la rive sud de la Méditerranée, a indiqué mercredi à Beyrouth le ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra, lors de la plénière de la Conférence de Beyrouth sur la révision de la PEV.

Pour le cas de l’Algérie, le ministre d’Etat a expliqué que l’UE « doit tenir compte le fait que le pays a contribué, de manière soutenue et systématique, à la sécurité énergétique de l’Europe par l’approvisionnement de ce continent en gaz naturel, notamment, et que c’est le seul pays de la région qui a réussi à défaire le terrorisme et accompagné cette victoire militaire et sécuritaire d’une entreprise vaste d’éradication, mais aussi de concorde et de réconciliation nationale ». « Cette expérience algérienne (en matière de lutte contre le terrorisme et de réconciliation nationale) est bénéfique pour l’Europe à la fois directement et indirectement », a-t-il soutenu.

Pour M. Lamamra, « il est impératif aussi de ne pas perdre de vue que l’Algérie, liée à l’Europe par un accord d’association, constitue un grand marché pour les produits européens et que dans cette relation, elle a plus donné qu’elle n’a reçu ». Dans ce sens, l’Algérie est pour la tenue d’une autre réunion pour comparer les notes contenues dans le document qui sera élaboré par les Européens sur le processus de révision de la PEV, et qui « doit refléter effectivement les attentes et les observations faites par les représentants des pays arabes concernés », a-t-il mentionné.

Présentant l’expérience algérienne en matière de la lutte contre le terrorisme, M. Lamamra a préconisé une « coopération renforcée » contre ce phénomène transnational et ses causes, ainsi que contre les extrémismes, de « toutes connotations et de logiques menant à la violence ». Pour lui, la politique de l’Algérie consistant à mettre des imams à la disposition de sa diaspora au niveau des pays d’accueil, « devrait être soutenue et généralisée » pour pouvoir « réduire le gisement de frustration et de marginalisation qui mène à l’extrémisme et au phénomène des combattants étrangers qui partent de l’Europe pour rejoindre des groupes terroristes ». Le chef de la diplomatie algérienne a mis en garde contre la montée de la xénophobie et de l’islamophobie qui, a-t-il dit, « alimentent des accès à la violence et au terrorisme ».

Concernant la crise en Libye, le ministre d’Etat a souligné l’urgence de prendre à bras le corps le problème politique fondamental et d’aller rapidement vers la mise sur pied d’un gouvernement d’union nationale, qui serait, a-t-il précisé, « l’interlocuteur de la communauté internationale et l’articulateur d’un certain nombre de mesures de transition visant la création d’institutions nationales homogènes ». Il a, dans ce sens, évoqué le rôle « irremplaçable » des pays voisins de la Libye, venant en soutien et en complément des efforts déployés par l’envoyé spécial des Nations Unies pour la Libye, Bernardino Léon.

Si l’appel lancé par l’Algérie en direction de l’Union européenne en vue de respecter les spécificités des pays du voisinage apparaît comme un appel de bon sens, il reste que la diplomatie algérienne pourra difficilement arriver à elle seule à inverser la tendance actuelle de l’Europe à imposer sa vision unilatérale aux pays de la rive sud de la Méditerranée. Seul un font uni des pays du sud pourrait arriver à modifier la donne et à permettre l’éclosion d’un espace euro-méditerranéen de paix et de coopération.