L’ambassadeur français conspué lors des funérailles de Gaïd Salah

La scène s’est passée hier lors des funérailles du général Ahmed Gaïd Salah. Une scène triste et regrettable. L’ambassadeur de France en Algérie est venu rendre un dernier hommage à la dépouille du défunt au Palais du peuple mais il a été conspué par des centaines d’Algériens présents devant l’entrée du Palais. Pour les observateurs, cette scène n’est pas étonnante. Le jeu trouble de la France dans la crise algérienne depuis le début du hirak populaire du 22 février ne pouvait provoquer que rancœur et hostilité de la part de nombreux Algériens comme on peut s’en rendre compte sur les réseaux sociaux.

La colère des jeunes algériens dont l’ambassadeur français a pu constater l’ampleur hier ne reflète pas seulement le rejet de l’ingérence étrangère et des campagnes de désinformation auxquelles s’adonnent régulièrement les médias publics français depuis de longs mois. Il s’agit aussi d’une expression de la révolte d’une grande partie de la jeunesse algérienne contre ce qu’elle perçoit comme un paternalisme obsolète et déplacé venant de la part d’une puissance néocoloniale en déclin qui a de plus en plus du mal à rivaliser avec les anciennes et nouvelles puissances qui dirigent l’économie mondiale.

En pariant sur des minorités culturelles et idéologiques discréditées pour sauver ses intérêts en Algérie, la France s’engage dans un pari perdu d’avance tant ces minorités sont en net recul en Algérie face à la montée de nouvelles élites d’origine populaire. Pire, la France se trouve désormais enfoncée dans un dilemme terrible. Si elle ne soutient pas ses alliés algériens, ces derniers risquent de perdre toute capacité de peser sur les évènements. Mais si elle soutient trop ouvertement comme c’est le cas aujourd’hui, elle ne fait que les discréditer davantage auprès de l’opinion publique algérienne !

Mohamed Merabet