L’armée de l’air algérienne modernise ses chasseurs-bombardiers Su-30 MKA

A l’approche des festivités commémorant le 60eme anniversaire de l’indépendance nationale, les différents corps de l’armée algérienne se préparent et n’hésitent pas à diffuser des images montrant leur arsenal défensif. Parmi ces images, celles montrant les chasseurs-bombardiers Su-30 MKA attirent tout particulièrement la curiosité des amateurs et inspirent aux Algériens respect et fierté. Pour les observateurs au fait des questions militaires, c’est aussi l’occasion de s’interroger sur les principales armes à la disposition de l’ANP pour assumer ses missions constitutionnelles de défense nationale. La question se pose tout particulièrement pour les Su-30 MKA qui constituent l’épine dorsale de l’AAF. Sont-ils à la hauteur des exigences de la défense aérienne dans un contexte géostratégique régional tendu et marqué par l’arrivée de nouveaux vecteurs de cinquième génération ?

Si au moment de sa première commande en 2007, le Su-30 MKA a été de l’avis de nombreux experts un choix de qualité, y compris en comparaison avec ses rivaux occidentaux à l’époque (F16 Block 50-52, Rafale, Europfighter), les choses ont évolué par la suite très rapidement. Les Américains et les Européens ont développé leurs vecteurs aériens sur de nombreux points (radar, protection électronique, armements). Pendant, ce temps, les Russes n’ont pas su suivre le rythme et ce n’est que récemment que la Russie a commencé à produire des équipements qui pourraient rivaliser avec leurs homologues occidentaux. A titre d’exemple, le Su-30 MKA n’est plus aussi redoutable face aux dernières versions du Rafale (France) de l’Eurofighter (dont l’Espagne vient de commander une vingtaine d’appareils) et au F16 Block 70 V que le Maroc est en voie d’acquérir. Et ce, sans parler du F-35 qui est déjà opérationnel en Méditerranée (Italie, Israël).

Le commandement de l’armée algérienne semble conscient du problème. C’est dans ce contexte qu’il faut comprendre la récente décision de moderniser le Su-30 MKA pour le mettre au format du Su-30 SM2. Certaines sources avancent que le dernier batch de 16 Su-30 commandés en septembre 2019, actuellement en cours de livraison et même s’ils continuent de porter le nom de Su-30 MKA, seraient en fait proches du standard Su-30 SM2 en activité au sein des Forces aérospatiales russes. En attendant l’arrivée du Su-57 d’ici 2025-2028, la modernisation des Su-30 MKA est une bonne option. Cependant malgré les modifications apportées au niveau motorisation, systèmes électroniques et armements, les Su-30 MKA resteront sur certains points en deçà de leurs rivaux occidentaux. Le retard des Russes à produire un radar AESA pour leurs chasseurs Mig et Sukhoi constitue un manque important que l’armée algérienne se doit de combler. En attendant un radar AESA russe, des observateurs se posent la question de l’éventuel recourir à des radars AESA chinois (ou européens) sur des vecteurs russes mais si le CFA n’a pas retenu cette option, c’est sans doute en raison de la forte résistance des Russes. Dans ce contexte, les observateurs n’hésitent pas à parler d’une autre piste, celle d’un chasseur occidental. L’Eurofighter serait de ce point de vue le chasseur qui pourrait le mieux répondre aux attentes algériennes. Les bonnes relations avec l’Italie pourraient encourager l’armée de l’air algérienne à commander une vingtaine d’exemplaires en vue de les utiliser en tandem avec les Su 30 MKA, les deux appareils étant très complémentaires au vu de leurs caractéristiques respectives.

A. Boussouf